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Commentaire de Bernard Dugué

sur Le match républicain qui a modernisé la démocratie


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Bernard Dugué Bernard Dugué 4 mai 2007 22:15

Le temps est suspendu, le 6 mai, Royal sera élue Présidente

Une étrange atmosphère plane en ce moment. Sorte de sentiment de temps suspendu, d’attente mystique, comme si une bascule de l’Histoire se préparait sans qu’on sache dans quel sens. L’élection n’est pas jouée. Les sondages peuvent se tromper. Un sursaut de dernière minute n’est pas à exclure. Ce ne sont ni les instituts de sondage, ni les médias aux ordres qui placent le bulletin dans l’urne mais des âmes qui en glissant un nom dans une enveloppe, sont seules avec leur conscience, comme dans un confessionnal où elles seraient à la fois le confesseur et le confessé. Les dieux du Ciel observent avec attention. Le mur du temps se met en place. C’est ce mur qui jadis, ouvra la voie au peuple de Moïse pour sortir d’Egypte.

Nous voilà plongé dans une veillée eschatologique. Sarkozy n’hésite pas à la jouer histoire, passion, mystique, cathédrales, mémorial de la Résistance. Et la joue messianisme dans son dernier grand meeting. Notamment en remettant une couche sur un mai 68 qu’il faudrait bannir de l’Histoire française. Ce qui est une honte. Comme si Sarkozy situait mai 68 comme De Gaule avait placé la Collaboration. Voyons comment on peut transcrire tout ça en utilisant un texte sacré qu’on n’hésitera pas à pasticher.

« Laisse-nous servir les Egyptiens car nous aimions mieux servir les Egyptiens que de mourir dans le désert ! Moïse répondit au peuple : ne craignez rien, restez en place et regardez la délivrance que l’Eternel va vous accorder en ce jour car les Egyptiens vous ne les verrez plus jamais » (Exode, 14, 10)

« Laisse-nous servir les assistés et les 68-ards car nous aimions mieux servir les 68-ards que de mourir dans le travail ! Sarkoïse répondit au peuple : ne craignez rien, restez en place et regardez la délivrance que l’Eternel va vous accorder en ce jour car les 68-ards vous ne les verrez plus jamais » (Sarkode, 14, 10)

A quoi servira l’élection de Sarkozy ? Les choses vont vite rentrer dans l’ordre. La majorité silencieuse ne se mettra pas en mouvement. Elle est telle un troupeau qui a peur et veut se protéger. Tout le contraire de l’élan sarkozien. D’ailleurs, Sarkozy manie les contradictions et le faux comme rarement un politicien l’a fait dans ce pays. Il voit dans les cathédrales un symbole de la France alors que celle-ci n’existait pas à cette époque et que la flèche des cathédrales est le symbole de la foi religieuse. Il prêche le n’ayez par peur de Jean-Paul II alors qu’une bonne partie de son électorat a justement peur, des délocalisations, des incivilités, des immigrés, des banlieues, des assistés qui mangent leur pain etc. Et si l’UMP met véritablement en œuvre son programme de coercition contre les précaires, les travailleurs, la société, alors la rue sera au rendez-vous.

La France, c’est le pays de la Raison, et en ce pays, les manœuvres grotesques de Sarkozy ne peuvent pas s’imposer ou alors ce ne serait plus la France.

GW Bush a menti au peuple américain et au monde en faisant croire qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak. Sarkozy ment en accablant la génération de mai 68, maladroite mais si généreuse, une génération qui a permis les accords de Grenelle et des tas d’avancées sociales. Sarkozy profane l’Histoire de France. L’élire, c’est comme marier sa fille avec celui qui l’a violée.

La France aime se faire prendre disait Villepin. Sarkozy a doublé la mise. La France aime se faire violer ! Telle est la vérité de la campagne menée à droite et dont les abstentionnistes, surtout de gauche et du centre, devront assumer les conséquences.

Voilà pourquoi le 6 mai vous allez élire Ségolène Royal, non pas pour son tailleur et ses beaux-yeux, non pas parce qu’elle est du PS, un peu parce qu’elle est de gauche, surtout parce qu’elle est placée au bon endroit, là où le destin d’une nation voit que les aiguilleurs de l’Histoire bougent les rails et qu’il faut sauter dans le bon train.


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