Je ne suis guère étonné par ce choix des rédactions. Je n’ai pas voté pour monsieur Bayrou. Je suis un électeur socialiste (malgré une « défection » en 2002 pour madame Christiane Taubira, que je ne regrette nullement tant la campagne de Jospin frôlait l’autisme et la goulayante course à la répartission de maroquains ministériels). Je n’ai pas voté pour monsieur Bayrou car il a été durant longtemps un homme de droite, que l’UdF a été le parti de madame Boutin, de Valéry Giscard D’Estaing. Ce n’est pas un reproche, il n’y a aucune honte à être de droite.
Les députés de l’UdF ont agi en conséquence en rejoignant l’UMP.
Mais c’est vrai que monsieur Bayrou est un homme qui a changé. L’ambition personnelle (avoir un grand destin) engendre parfois de véritables mutations. Ainsi Mitterrand qui d’homme de l’extrème-droite évolua vers la gauche et l’humanisme. Ainsi De Gaulle qui d’extrème droite dans les années 30 devint le Républicain de génie que l’on sait un jour de juin 1940. J’ai souvenir des yeux de François Bayrou durant la campagne référendaire de 2005, quand Daniel Cohen Bendit parlait. Je pense qu’au fond de lui, monsieur Bayrou a senti au fond de lui monter l’ambition d’être un homme qui rassemble non sur un programme, mais sur des intelligences. C’est en quelque sorte cela, son « rêve centriste ».
Je le respecte comme tel, car c’est une réelle ambition. Mais, et c’est là où on revient à ces émissions de dimanche soir, la politique n’a, hélas, rien à faire avec l’intelligence des hommes. Sans quoi Mendès France aurait succédé à De Gaulle, et Rocard aurait triomphé de Mitterrand, Delors aurait eu un grand destin, Barre aurait éliminé Chirac... J’en oubli mais vous voyez ce que je veux dire.
Je suis intimement persuadé que François Bayrou a été le dindon de la farce de 2007, comme Laguiller le dindon de 1995 et Le Pen celui de 2002. Pour gagner contre Ségolène, il fallait quelqu’un qui la borde sur un flan (droite ou gauche). Elle aurait eu une ligne trop recentrée, les médias auraient favorisé (comme en 1995) l’extrème gauche. Le discours de Ségolène était un discours d’équilibre dans la gauche, on lui a flanqué médiatiquement François Bayrou dans les pattes.
La « partie » est terminée. Le « prince » a été couronné. On range le décors. Les députés UdF rentrent à la maison (la droite), et François Bayrou reste seul avec son rêve : il n’y a plus qu’à le censurer...
Ségolène Royal a été victime de la même campagne de censure durant 3 mois. Propos tronqués pour lui faire dire ce qu’elle n’a jamais dit (la justice chinoise, par exemple), surmédiatisation des divisions du PS voir, toujours des commentaires sur ses tenues vestimentaires (« Madame Royal, qui est arrivée en costume rouge et chemisier blanc, ... ») la renvoyant continuellement à une « identité » de femme. La censure de François Bayrou m’a choqué. J’ai regardé l’emission en direct, sur le net, depuis Tôkyô. J’étais surpris de ne pas l’entendre. Et quand j’ai vu ce bout de 30s j’ai été révolté. Cela m’a confirmé dans ma « théorie du dindon ».
Reste maintenant à voir la suite, car je ne crois pas à la censure contre la liberté d’un peuple libre comme l’est le peuple français. J’ai ragé contre les proches de ma candidate, contre ma candidate, mais aussi contre monsieur Bayrou quand ils critiquaient en permanence sondages et médias.
Mitterrand disait qu’il s’en amusait, qu’il faut laisser le temps au temps. Et rappelait que si la censure marchait il n’aurait jamais été élu en 1981.
Mitterrand n’a jamais usé de ces « prérogatives » de censures, ou très peu (Mazarine). Pour preuve, la valse des scandales et enquètes de la fin de septennat 88/95, où journalistes et juges y allaient à coeur-joie. Le climat s’est resséré avec Jacques Chirac. Cette censure de François Bayrou vient nous rappeler que les libertés sont fragiles et non acquises, qu’elles résultent de nos combats et de notre vigilence. Et que nous sommes revenus, graduellement, à la situation des années 60, de l’oreillette et de la menace de licenciement qui planes sur les juges et les journalistes.
Je ne voterai jamais pour monsieur Bayrou, mais dimanche soir, j’étais vraiment écoeuré. Car nous avons besoin, aussi, de son intelligence et du respect du à ses 6 millions d’électeurs.
29/07 08:29 - martine
tout le monde est beau , mais pas gentil. victime de pervers,attention à la casse... avec de (...)
16/05 21:57 - stradiuvarius
Mr Bayrou n’arrive pas de nulle part mais de l’UDF. Il a été ministre de (...)
14/05 22:00 - spip
Pour quelqu’un qui disait ne pas vouloir être le président du cac 40, se voir à la tête (...)
14/05 15:32 - TibouDu2
Cela ne me surprend plus. Enfin l’action en elle-même. Car je trouve qu’un tel (...)
13/05 19:31 - ernst
Ce qui interpelle, c’est votre acrimonie face à la présence de F.Bayrou dans le paysage (...)
12/05 18:43 - wizburf
Sarkozy représente très exactement 31%*85% = 26,3% des électeurs francais. Un quart et pas un (...)
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