A mon avis, le rôle de la référence à Mitterrand chez Ségolène Royal est tout simple : nous avons déjà eu un président pendant 14 ans, il y a un héritage. Il faut « continuer ». Ce qu’on a fait est très bien, on bétonne et on poursuit la même politique.
L’article me semble donner bien la clé de l’affaire : Ségolène Royal a été embauchée directement par Mitterrand en 1982, à l’Elysée (via Attali), peu après sa sortie de l’ENA (en 1980). Elle n’était d’ailleurs pas sortie de l’ENA avec une très bonne place (95ème de sa promo) et doit donc à Mitterrand sa carrière professionnelle et politique.
Par conséquent, elle ne pouvait pas dénigrer l’héritage de Mitterrand et devait, nécessairement, le sacraliser. C’est ce qu’elle a fait, avec toutes les conséquences qui sont lourdes mais qui correspondent bien à ce que Ségolène Royal a toujours fait et incarné sur le plan politique. Force est de constater également que son passage à l’Elysée (1982-88) a coïncidé dans le temps avec l’opération de promotion du Front National.
De surcroît, elle est née à Dakar en 1953 fille d’un colonel d’artillerie. Elle provient d’un milieu proche du lobby colonial que Mitterrand a également défendu. Comme Mitterrand, elle est issue d’une famille de droite pure et dure. Elle a même une cousine qui a été candidate FN aux cantonales.
On retrouve également la famille de Ségolène Royal dans les pages douteuses du mitterrandisme. Alors qu’elle était elle-même chargée de mission de l’Elysée, son frère Gérard Royal a participé au sabotage du Rainbow Warrior.
En réalité, Ségolène Royal cherche, comme Mitterrand, à incarner cette « gauche musclée » à qui « la droite n’a rien à apprendre ». Et peut-être même que, comme Mitterrand, elle sera « récompensée » par les voix FN au second tour.