François Bayrou est en effet dans une situation paradoxale. Il a réussit à conquérir un électorat important, mais se retrouve au milieu du gué, abandonné de ses députés.
Mon opinion, qui est personnelle, est que François Bayrou, et son Mouvement Démocrate, doivent dire à Nicolas Sarkozy : Banco.
Nicolas Sarkozy a tenu un discours d’ouverture dès son élection. C’est sur ce discours que les 22 députés UDF dissidents se basent pour rejoindre la majorité présidentielle. Même si l’on peut avoir des doutes sur la sincérité de l’UMP et du nouveau président de la république sur cette ouverture, il faut néanmoins la tenter, dans l’intérêt du pays. On peut bien sûr se complaire dans une opposition politicienne, mais qui trinque ensuite ?
Contrairement à ces 22 députés, je considère comme indispensable la création du Mouvement Démocrate. L’UDF actuelle n’est pas représentative des électeurs de Bayrou.
Mais contrairement à Bayrou, je pense qu’on ne peut dès à présent viser 2012 sans tenter de réformer de façon constructive le pays, et se placer en position d’opposant.
Bien entendu, si le PS avait changé dès cet échec, que DSK avait repris le parti, et le PS accepté les propositions de changement de Kouchner et des Gracques, une autre alliance eût pu voir le jour. Mais il n’en est rien, le PS s’enfonce dans des luttes intestines de pouvoir sans se remettre en question. Dans ces conditions, le parti de Bayrou doit poursuivre sa ligne de conduite initiale : être constructif.
Il faut rappeller qu’une large majorité d’électeurs de Bayrou n’a pas voté contre Sarkozy, mais bien pour le projet de rassemblement de Bayrou, pour le « et-et ». Si Sarkozy propose un large rassemblement, il faut le tenter.
Mais pas à n’importe quel prix ! Bayrou, le mouvement démocrate et ses députés doivent fixer les conditions minimales : réformes et impartialité de l’Etat, maitrise de la dette, priorité à l’emploi (petites entreprises), à l’environnement, à l’éducation et la recherche, à la lutte contre l’exclusion. Sous ces conditions, il peut y avoir convergences dans une majorité présidentielle large.
Je conçois que cela puisse être vécu avec difficulté pour certains électeurs de Bayrou. Mais il n’y a pas d’alternatives viable. Le PS refuse tout accord avec Bayrou, et sans accord de désistement, le nouveau parti est mort-né. Plus grave, il perdrait l’essentiel de ses élus locaux aux élections suivantes, et sans ces élus, un parti ne peut survivre, comme le montre l’exemple des Verts.
Je ne pense pas possible aux candidats du Mouvement Démocrate nouvellement créé d’emporter des circonscriptions dans des triangulaires, sauf exceptions. Si ces candidats on en effet le pouvoir de faire perdre certains UMP ou PS, cela ne suffit pas pour négocier assez de postes, et surtout d’anticiper la suite, les municipales, où il faut aussi trouver des accords.
Cet accord de gouvernement sera forcément temporaire ; je pense que l’UMP et Sarkozy seront tenté d’aller trop loin, et le MD pourra se retirer à ce moment, mais en s’étant renforcé, et en ayant surtout tenté de réformer de façon constructive et plus consensuelle le pays, ce qui est l’essentiel.