Sarkozy a été élu grâce à un dispositif très important - communicants et publicitaires, porte-paroles très divers et formés aux médias, grands axes de campagne ou mots d’orde élaborés par l’équipe de communicants et de publicitaires, puis dispatchés entre les porte-paroles, élus, etc.
Je n’invente rien. Ce dispositif a d’ailleurs été décrit par les intéressés eux-mêmes, avec parfois une certaine fierté. Rachida Dati, par exemple, a reconnu publiquement avoir bénéficié d’un entraînement médias de la part des communicants et publicitaires de l’UMP.
L’opération « Les supporters de Sarko » (avec un écusson aux couleurs de l’OM et siglé « NS »), par exemple, a été élaborée par une agence de com.
Le bloggeur Versac a publié des actions internes au réseau des supporters de Sarko, qui montrent que des « actions » de promotion étaient régulièrement montées, à destination du grand public. L’« action 59 », par exemple, recommandait d’utiliser l’affaire de la maternelle de Neuilly. Voir ici : http://vanb.typepad.com/versac/2007/04/buzz_sur_sarko_.html
Là où Chirac pouvait compter, lui, sur ses propres capacités de séduction, Sarkozy a besoin d’un appareillage énorme pour exister.
On a vendu et survendu une marque Sarkozy, qu’on a matraquée pendant des semaines.
D’où l’effet de décalage bizarre qui s’est produit au moment où il a été élu. Comme si les gens s’attendaient à quelque chose de plus. Mais comment un homme pourrait-il espérer être à la hauteur d’une publicité aussi énorme, aussi massive, alors qu’il n’incarne plus une idéologie (ses communicants lui ont écrit des discours avec des références à la droite, à la gauche), mais un produit miracle ?
La déception est inévitable.
On s’endort avec un Brad Pitt qui parle comme Che Guevara et De Gaulle réunis, et on se réveille avec un mec d’1,58 m, physiquement assez banal, qui propose de faire un plan à trois avec François Fillon et tient le même discours que Pompidou... Il est logique qu’on se demande ce qui a bien pu se passer la veille...
Maintenant, en bonne logique marketing, il faut amener le produit à incarner autre chose. Sans remettre en cause les qualités du produit (fourre-tout idéologique miracle). La logique people, celle d’en faire un « lady Di », un monarque mais dans un cadre républicain, est la plus facile.
Pour susciter le désir du produit. A mon avis, ils prennent quand même des risques. Mais bon. Ils visent le long terme, 10 ou 15 ans.
En face, le PS subit, accompagne la promo et lui sert de caisse de résonnance, sans se doter des mêmes outils. Tant qu’ils font ça, ils sont morts.