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Commentaire de Henri Masson

sur Des brèches dans le mur de la désinformation


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Henri Masson 24 août 2006 08:52

Pour ce qui est de la masturbation intellectuelle collective qui rend sourd, nous avons en effet pu constater que, quoi qu’on dise, il y en a des obsédés textuels qui reviennent sans cesse sur le sujet du nombre d’espérantistes, ce qui est ridicule car il est démontré que son utilisation est suffisamment vaste pour que nul ne puisse affirmer avec aplomb que « personne ne le parle », même en sortant du sens littéral de l’expression. Ce que je constate, c’est qu’on nous détourne du sujet initial : la désinformation autour de l’espéranto. Aussi, quand on discute en théorie sur une langue qui fonctionne et qui satisfait un grand nombre d’usagers, j’estime que l’on gaspille en vain un temps précieux. Déjà en 1918, dans « Les langues dans l’Europe nouvelle », le grand linguiste Antoine Meillet avait pu en venir à la conclusion « Toute théorie est vaine, l’espéranto a fonctionné ». Et voilà que, en 2006, certains lancent une controverse stérile qui avait peut-être lieu d’être avant 1918. L’espace des commentaires est réservé à des commentaires et non à un débat sans fin. La conception d’AgoraVox ne permet pas cela car j’imagine combien de temps ont besoin ceux qui n’ont pas le haut débit, encore très nombreux, pour voir la page s’afficher en entier.

Je trouve curieux que certains estiment que dire d’une chose que c’est « une merde » n’a rien de préjudiciable ou de condamnable. Déduire que Bénichou n’a rien dit de mal à l’encontre de l’espéranto du fait qu’il a effectivement dit, et même répété à la seconde émission que « L’espéranto est une des plus belles inventions du monde », c’est mal connaître les subtilités du langage. J’ai été obligé, pour la transcription des deux parties concernées des émissions du 26 et du 29 juin, de réécouter pas mal de fois certains passages plus où moins confus. Or, le rire méprisant de Bénichou en dit plus long que des mots, et son allusion merdique ne laisse aucun doute sur son hypocrisie. Et je suis loin d’être le seul à constater cela. Mais après tout, il n’est interdit à personne d’aimer se faire traiter de merde, il existe au monde toutes sortes de déviations sexuelles et textuelles.

A part ça, les profits énormes de la Grande-Bretagne du fait de l’anglais vont sans nul doute dans la poche des plus riches. La majorité du peuple britannique n’en voit pas la couleur. Un bref reportage aux informations de France 2, hier au soir, a justement montré d’autres profits énormes qui existent dans l’immobilier. Nous ne pouvons que nous en attrister car tout donne l’impression d’un retour à un Moyen Âge social.

S’il est vrai que l’anglais permet à une majorité d’anglophones de « pantoufler dans leur langue natale », il donne aussi et surtout les moyens de prendre de l’avance dans de multiples domaines, et en particulier celui des sciences. On remarquera que les prix Nobel sont en large majorité des natifs anglophones et en particulier des États-Uniens. J’avais hébergé un espérantistes étasunien, Dennis Edward Keefe, quand j’habitais en région parisienne, et il m’avait écrit, lors d’un séjour ultérieur aux États-Unis, qu’il travaillait dans une université où il y avait eu 12 prix Nobel. Bon nombre de pays, en particulier dans le Tiers monde, n’en ont pas un seul. Ainsi, tout se concentre et se centralise, au moyen de l’anglais, dans le plus puissant des pays anglophones, celui qui a construit sa puissance entre autres au moyen de sa langue. J’ai déjà mentionné le livre « La mise en place des monopoles du savoir » qui est très révélateur, mais aucun de ceux qui asticotent ici n’en a vraisemblablemnt pris connaissance. Quand des choses aussi graves se passent, il faut rechercher un remède, une alternative. On a donc l’impression que certains sont là pour détruire, entraver plus que pour améliorer et construire.

Enfin, car j’ai d’autres tâches qui m’attendent avec la rentrée, si « l’exemple de google est ridicule » il n’en est pas moins révélateur d’un certain niveau d’activité.

Si le mot « français » donne un milliard 290 millions d’adresses, ce n’est vraiment pas folichon pour une langue parlée par plus de 100 millions d’hommes, d’autant plus que le mot « français » désigne le peuple, la langue et l’adjectif. Sur cette base, on peut s’amuser à calculer par déduction (simpliste, d’accord, mais juste histoire de s’amuser) le nombre d’espérantistes au monde sachant qu’il y a 183 000 000 de pages avec les mot « espéranto » (ça peut varier selon les navigateurs), 53 600 avec le mot « espérantiste », 1 560 000 avec le mot « esperanta » (l’adjectif correspondant a son équivalent français), donc arrondissons à 190 millions (inutile de chipoter car c’est seulement pour la blague ! smiley sachant qu’il y a au monde selon http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/francophonie/francophones-monde.shtml 175 000 000 de francophones (cependant 112 666 000 « francophones réels », pour lesquels le français est langue première, seconde ou d’adoption,soit 1,92 % de la population mondiale) .

A vos calculettes !


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