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Commentaire de Boileau419

sur Faim dans le monde : une insurrection morale est-elle encore possible ?


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Boileau419 Boileau419 17 mai 2007 04:37

Si chaque jour cent mille personnes ne mouraient pas et venaient s’ajouter aux milliards qui survivent, ne serait-ce pas la catastrophe ?

Et ces millions qui meurent ne sont-ils pas le résultat de l’aveuglement avec lequel certaines populations se reproduisent, à cause de traditions ou d’autres formes d’inertie imbéciles qui les poussent à avoir le plus d’enfants possibles alors que de toute évidence leurs ressources sont insuffisantes ? Suis-je, sommes-nous responsables ?

N’oublions pas que ces bouches survivantes, une fois adultes, essayeraient à tout prix de vivre à l’occidentale (seul mode de vie possible, bien entendu). A supposer qu’on leur évite la mort par malnutrition, on ne pourrait pas leur éviter les autres maux qui suivent de près l’excès de population, dont le plus grand est sans doute la guerre et dont le Rwanda a offert un exemple terrifiant.

Et à supposer qu’on puisse leur épargner toutes ces calamités(ou qu’ils puissent le faire par eux-mêmes) , pourrait-on vraiment leur offrir, pourraient-ils s’offrir un environnement, une éducation et toutes les autres choses qui rendent la vie humaine digne d’être vécue ? Dans un autre monde que le nôtre, un monde de ressources infinies et de bonté sans limite des hommes, peut-être ; dans le monde fini et méchant qui seul existe, sûrement pas.

A vouloir à tout prix la survie et même la vie bourgeoise du plus grand nombre maintenant, on risque fort de compromettre la survie de l’espèce et de la planète entière.

Il y a trop d’êtres humains sur la Terre, c’est clair, et on devrait presque se réjouir qu’il en meure encore quelques-uns malgré l’archarnement des médecins et autres professionnels aveugles de l’humanitaire.

Les gens meurent tout le temps. Des milliards d’êtres humains sont morts dans le passé. Dans leur lit vieux et repus pour certains, jeunes percés de flèches ou de balles sur le champ de bataille pour d’autres, squelettiques et affamés au bord de leurs champs desséchés pour d’autres encore.

Faut-il que je pleure pour eux ? Et pour les milliards qui vont mourir demain et après-demain ?

C’est ce qui me rend indifférent à toutes ces jérémiades sur la mort des pauvres du Tiers-Monde ou d’ailleurs (il y a aussi des pauvres qui meurent chez nous, au milieu de l’abondance). Tant d’autres êtres vivants qui sont tout aussi dignes de vivre sur la Terre que nous (et même plus puisque dépourvus de malice)seraient condamnés à disparaître si nous arrivions à réduire la mortalité de l’espèce humaine à zéro ou presque.

Derrière toutes ces lamentations—plus ou moins sincères— sur la mort d’êtres humains, il y a trois idées que je récuse

1)l’humanité est quelque chose d’unique et de précieux, le sommet de la création 2)chaque individu est lui aussi unique, la prunelle des yeux de l’univers 3)la vie du corps est la seule vie possible

Quand on s’accroche à ces trois idées (à cause du judéo-christanisme), on a la recette parfaite pour une catastrophe écologique majeure.

Ces peuples primitifs dont Le Clézio et L-S font l’éloge, outre qu’ils avaient suffisamment de sagesse pour bien gérer leur petit monde, ne faisaient sûrement pas de la vie physique de l’individu un Absolu indépassable.

Gageons qu’il y aun siècle ces braves sauvages étaient cannibales et abandonnaient impitoyablement les bouches inutiles en cas de disette.

O sagesse de primitif qui, s’ils l’eussent seulement connue, aurait fait entonner à nos beaux intellectuels larmoyants d’autres dithyrambes !

La question que je pose finalement est celle-ci ?

Faut-il s’indigner que l’on meure ? Ou seulement que l’on meure bêtement ? Est-ce la mort qui doit nous indigner ou la cruauté et la bêtise réunies ?


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