@ ExSam
Merci pour votre commentaire. Je
voudrais quand même situer le Rapport Lugano. Écrit à partir d’une fiction,
l’auteure Susan George pose un diagnostic qu’elle juge personnellement très
sévère sur la société capitaliste. Elle n’hésite pas à recourir à des formules
choc : « Il faut remplacer une éthique de
la solidarité par une éthique de l’urgence ». Sa démonstration pourrait
reposer sur ce postulat très particulier : « Soit nous déclarons dès maintenant la guerre à la pauvreté, soit, nous
nous retrouverons un jour en guerre contre les pauvres ».
Pour les lecteurs que le Rapport
Lugano pourrait intéresser, Suzan Georges s’explique
sur son ouvrage dans une conférence qu’elle a prononcée sur la « Domination
des grandes entreprises et la crise du système financier international ».
Dans une traduction française, Forum
social Mundial nous la donne à lire dans son intégralité.
Il faut dire que Susan Georges ne donne pas dans la demi-mesure : « Les riches et les puissants ont apparemment
conclu, comme les auteurs de mon rapport fictif, que des centaines de millions
de gens au monde aujourd’hui sont superflus. Ils n’ont pas de travail salarié
et ne contribuent en rien à la production capitaliste. Ils ont peu ou pas d’argent
et ne contribuent en rien à la consommation capitaliste. Ils ne sont pas
rentables, sont un boulet pour l’économie, ils sont redondants ». Elle
va très loin dans ses analogies historiques : « Il n’y aura pas de modèle du type
Hitler-Auschwitz, car ça se voit trop, ça crée des résistances, et, à la fin,
ça provoque un rejet universel. A la place, c’est un modèle du 21ème siècle, post-moderne, dans lequel il est impossible de faire porter
le blâme à quiconque : personne n’est responsable. Il se trouve simplement que
des choses horribles se produisent, et la vie continue, du moins pour certains ».
Cette conférence résume bien la pensée de Susan Georges : « Le premier devoir d’un militant est de
comprendre comment le monde fonctionne, comment fonctionnent les institutions
qui nous oppressent ».
Pierre R.