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Commentaire de Nicolas

sur Economie : délocalisation, le capitalisme peut-il être moral ?


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Jason Nicolas 28 mai 2007 20:29

Dans votre deuxième paragraphe , les bases de votre raisonnement sont éminemment contestables. Vous dites : " La définition originelle du capitalisme demeure la combinaison de critères primordiaux : la liberté d’entreprise, la propriété privée des outils de production, la rémunération du risque pris par l’entrepreneur.

D’où vient la soi-disant liberté d’entreprendre ? Fixée par qui et par rapport à quoi ? Et pour entreprendre quoi ? Pour le bien-être de qui ? La liberté absolue, dans la société civile n’est qu’imaginaire, voire métaphysique. Cette liberté ne peut exister que contrebalancée par une autre force, disons l’égalité, si vous le voulez bien, ou un élément régulateur. Seule, elle donne toujours lieu à tous les abus. Ce thème revient dans la pensée politique depuis la Révolution française et fait toujours débat, car cette égalité est partout battue en brêche, et est même inexistante dans bien des sociétés. La liberté d’entreprendre est par ailleurs soumise à des « droits d’entrée », possession de capital, de savoir faire, de connaissances de conditions économiques, autant de barrages établis par un système économique qui est impitoyable pour les nouveaux venus. De plus, la sacro-sainte notion de marché est asymétrique, l’information circule mal, la dissimulation est de règle, la concurrence souvent illusoire, etc. Renseignez-vous !

La propriété privée des outils de production achetés par extorsion, voire exploitation sinon esclavage des populations locales. Qu’on le veuille ou non, l’appropriation du travail d’autrui par qui que ce soit induit une injustice évidente, et très souvent des souffrances inacceptables pour un très grand nombre de personnes. Le capitalisme étant une activité s’exerçant parmi les humains, votre raisonnement fondant votre article est extrêmement tendancieux. Le capitalisme n’induit « in fine » que l’autosatisfaction de ses propres besoins, une entrave à tout raisonnement conséquent hors de lui-même.

Quant à la rémunération du risque par l’entrepreneur, pourquoi son risque serait-il plus « noble » que celui du commun des mortels qui va s’éreinter dans son entreprise ? Par ce que c’est de l’argent ? Tiens ! Vous dites que le capitalisme est (ou doit être) dissocié de la morale. Mais comment justifiez-vous que le risque financier aurait plus d’importance que les autres risques de la vie ? Vous introduisez une rupture morale-capital et vous dites que c’est bien. Beau raisonnement téléologique !

Vous sortez des concepts qui n’ont d’autres fondements que de refléter une pratique existant déjà, sans autre justification que l’autorité, la force, la loi, la coutume et l’iniquité. Le capitalisme opère dans des sociétés et, au nom d’un pseudo-scientisme continue à faire des ravages même où il est sévèrement contrôlé. De plus, dans les pays à très forte régulation, ce même capitalisme commet des abus qui précipitent des masses de gens dans la misère, avec la plus grande indulgence des gouvernements et des hochements de tête hypocrites.

« La définition originelle du capitalisme », comme vous le dites, est une gigantesque imposture. Monsieur, vous manquez d’information, avez très peu de sens critique, et c’est très regrettable. Cela détruit la crédibilité de ce qui suit dans votre article. Voulez-vous vendre le capitalisme à la France ? C’est déjà fait.


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