voici in extenso, le témoignage de lio, paru sur le site d’amnesty belgique. http://www.amnesty.be/doc/article4795.html
si on exclue la passion que lio a mis dans son témoignage, car étant elle-même concernée, le mecanisme de la soumission est fort bien décrit... de nombreuses femmes se reconnaîtront dans ces quelques lignes.
bonne lecture,
- " Lio : « Je t’aime ma chérie, mais je te frappe. »
Par Bruno Brioni
Le 25 novembre 2004, démarrait la campagne d’Amnesty International contre la violence conjugale. Lio, marraine de l’opération, qui ne jure que par le slogan « Halte à la violence contre les femmes ! », s’insurge de l’omerta qui règne sur le sujet. Il est temps de l’ouvrir haut et fort, et en cette matière, la chanteuse de Les brunes comptent pas pour des prunes excelle. Portrait-rencontre.
En 1996, le chanteur français Zad écrivait la chanson L’Ombre du soleil. Peu de temps après, il rencontre Lio lors d’une soirée organisée par une maison de disque. On ne retiendra de lui, d’un point de vue artistique, que cette chanson au refrain poétique : « Laissez-moi vivre mes rêves/ Les yeux grands ouverts/ Pour toucher les plumes de ses ailes/ Lorsque le jour se lève. » Qui aurait pu imaginer que l’auteur de ces mots serait à la source d’une violence qui mettra Lio dans une situation où elle ne sera plus que l’ombre d’elle-même. Les coups s’abattront sans coup férir, jusqu’au jour où, aidée par sa sœur, elle portera plainte. Le chemin de la renaissance sera long... Malgré cette expérience extrêmement douloureuse, elle garde le même enthousiasme dans cette vie qui ne lui a pas toujours fait de cadeaux. La joie de vivre est au beau fixe aujourd’hui au milieu de ses six enfants. Elle n’a rien perdu de sa verve ni de sa fougue. Et, quand on lui demande pourquoi elle a accepté d’être la marraine de cette campagne, le ballet lionesque se met en marche : la parole s’affirme et les mains entament pirouettes sur pirouettes. « Mais parce que je me sens très concernée puisque je l’ai vécu ! J’ai reçu des centaines de lettres de femmes qui me parlaient de leur vécu et de leur problème. Je me suis rendu compte que cela touchait tous les milieux sociaux. Il faut que cela se sache ! » Z. comme... Au printemps 1997, elle rencontre Z., comme elle le nomme dans sa récente autobiographie Pop model. Au début tout paraît idyllique, mais la machine infernale se met rapidement en marche. Première étape : processus de dépersonnalisation. « Les femmes qui vivent cette situation subissent véritablement un lavage de cerveau. Elles sont entre les mains d’un manipulateur, quelqu’un qui va sciemment mettre en place un système qui vous transforme, qui vous dépersonnalise et vous vous retrouvez finalement sans repaire. Les coups ne viennent pas tout de suite. Il y a d’abord l’humiliation et la perte de l’estime de soi », assène Lio, à qui on reconnaît son franc-parler. Tout se passe de manière insidieuse. « Je me disais comme je n’avais plus confiance en moi : qu’ai-je bien pu lui faire pour le mettre dans cet état là ? Qu’a-t-il vécu ? Ce ne sont, naturellement, jamais des hommes sans histoires, ils ont également des souffrances. On est sensible à cette souffrance puisqu’on les aime ou du moins on le croit. C’est comme ça que le cercle vicieux se noue autour de vous. Vous vous enfermez et vous descendez de plus en plus bas. » De cette union naîtront des jumelles, au début de l’année 1999. Mais la situation ne changera guère, les violences physiques et les insultes iront de plus belle. Ce spectacle barbare s’affichera sans commune mesure devant les enfants. C’est Helena, la sœur cadette de Lio, qui prendra les choses en main en lui faisant prendre conscience du danger qu’elle encourait. En septembre 1999, la chanteuse s’enfuit et se réfugie au commissariat parisien de la Goutte d’Or. C’est la fin du cauchemar. Marie mon amie Sa prise de parole lors de l’affaire « Cantat » lui vaudra les remontrances d’une certaine presse et surtout de la famille Cantat. C’est que Lio, une fois de plus, dans la force de son engagement, s’est rebellée contre l’excuse de la passion amoureuse comme explication de la mort de Marie Trintignant. Sa réaction suivait un déferlement médiatique qui avait tendance à en faire des héros, des Roméo et Juliette. Et à ceux qui trouvent systématiquement des circonstances atténuantes, elle répond : « Il n’y en a pas ! Jamais ! Rien n’est plus odieux qu’un crime, qu’un meurtre qui peut se commettre dans la confiance, dans l’amour et dans l’intimité que l’autre vous offre. Ça, ce sont des circonstances aggravantes ! ». Rencontrée en 2003, lors du tournage du téléfilm Colette à Vilnius en Lituanie, Lio et Marie se lient d’amitié rapidement. Lio devient la confidente de Marie. « Si tu savais comme c’est difficile, Bertrand ne me fait pas confiance, il est jaloux de mon passé et il ne supporte pas le milieu du cinéma. » Des similitudes dans leurs vies respectives les réunissent : plusieurs enfants issus de différentes unions. « Vanda, il faut que tu reconnaisses que toi ou moi nous ne sommes pas des femmes qui inspirent confiance », lui dira-t-elle. Lio lui rétorquera : « mais pas confiance en quoi, c’était tes choix, mes choix ! » Selon Lio, il était parvenu à lui faire perdre confiance en elle, le processus de culpabilisation avait démarré. Avec Amnesty, Lio ne ménage pas ses efforts en apportant son énergie et son engagement légendaire contre les injustices. Aujourd’hui, après sa participation à la chanson On en a marre, composée par Marka et interprétée par une flopée de personnalités féminines belges (Laurence Bibot, Annie Cordy, Sandra Kim, Viktor Lazlo, Jo Lemaire, etc.), elle souhaiterait que les politiques prennent le relais. Légiférer en la matière semble d’une importance capitale. Et même si la Belgique bouge, alors qu’en France c’est le statu quo, il reste un énorme travail quant à la formation des juges et des agents de police. « Pour pouvoir entendre ces paroles et les mettre dans le contexte, il faut absolument des gens formés. Il est difficile de comprendre et d’entendre : “je t’aime ma chérie mais je te frappe...” » Dans un dernier élan, Lio lâche en guise de clin d’œil à Amnesty : « Le principe de la guerre, c’est d’éliminer l’autre. En termes de violences conjugales, nous nous trouvons sur un terrain de guerre, où le seul but, c’est d’éliminer l’autre... le tuer ! La femme n’est pas un champ de bataille ! »
Dernière modification le : 4 janvier 2005 "
28/09 11:18 - wolfgang
bonjour j’ai lu pas mal de vos message je trouve sa pitoyable sur quelque commantaire (...)
20/09 20:39 - Poppy
Juste quelques lignes pour dire que le Juge rendra sa décision le 15 octobre, le parquet ne (...)
19/09 11:42 - pywye
J’ai un lien vers un article que j’ai trouvé honnete : http://www.lemague.net/dyn/spip.
15/09 22:13 - Poppy
06/09 11:01 - lolonan
Il est si facile de juger quand on est pas passé par là. J’ai tuer quelqu’un dans (...)
27/08 21:54 - helem
Beaucoup de choses ont été dites sur le sujet « Cantat »... et il est normal que ce fait crée (...)
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