Pour notre société performante et asseptisée le troquet est devenu le symbole de tous les dangers, alcoolisme, tabagisme, jeux, oisiveté et mauvaises rencontres. Cette recherche d’une« société parfaite » qui est entrain de se profiler, composée de gens équilibrés se contentant d’un cercle d’amis à la vertu irréprochable tenant salon autour d’un thé au jasmin en commentant les dernières réformes politiques en termes vaseux et mous pour ne froisser personne, voilà ce qui devrait progressivement remplacer le bistrot.
Le bistrot, lieu public de rencontre de tous les publics, tous les possibles, les pires comme les meilleurs, mais n’est-ce pas cela la vrai vie.
Hier il y a eu « la journée des voisins », lamentable manifestation de l’individualisme de rigueur les 364 autres jours de l’année. Cette journée créée sur le modèle de la « journée de la femme » et autres journées spécifiques des oubliés des 364 autres jours aurait pour but donc de réunir les gens... comme le faisaient les bistrots. Cela prouve bien que la disparition des bistrots de quartiers, longtemps naturels dans les paysages urbains ou ruraux entrainent ce type d’inventions artificielles qui tente de palier à un manque de vrais lieux de rencontres. Les rencontres d’aujourd’hui risque donc d’être de plus en plus artificielles, dans un monde formaté dont le logiciel bugge dés qu’il y a de la sincérité, de la vie, de la joie de la peine et de la misère, bref tout ce qui faisait nos bistrots.