Je ne vous suis pas dans votre manière de raisonner :
Vous avez raison de dire que la presse n’est pas aussi indépendante en France des forces de l’argent et des partis politiques (et je ne mets pas les deux dans le même sac sur le plan de la vie démocratique) qu’on pourrait le souhaiter et je ne dis pas autre chose.
Mais je pense même que les concentrations capitalistiques en cours et les liens entre ces groupes de presse et capitalistes (armes, BTP, éditions, chaînes de TV etc..) et le pouvoir politique de NS vont renforcer cette dépendance. Or vous avez tort d’en conclure qu’il faut qu’il en soit ainsi pour la bonne santé de la démocratie.
Si je vous suivez, l’argent seul devrait avoir tous les pouvoirs dans notre pays , y compris celui d’informer sur le plan politique (et informer c’est former l’esprit). Or si Rotschild accepte l’indépendance de Libé, c’est aussi parce que les journalistes et leurs lecteurs se battent pour cela de même qu’au Monde : c’est ce que vient de démontrer le recul de Bollotré, lequel renonce à la censure à propos de l’article incriminé sous la pression des journalistes de Monde et du Courrier International propriété du Monde qui ont exigé que l’accord entre "Le MATIN et le Courrier International qui interdisait toute coupe et toute censure soit respecté.
Je suis, contrairement à vous et à votre fatalisme (« c’est comme ça donc c’est très bien comme ça »), du côté de ceux qui luttent pour la liberté d’expression et non de ceux qui censurent pour soi-disant « préserver l’image de la France » (Bollotré) ou « l’honneur de la police ou de l’armée » (anti-dreyfusards), comme si ceux-ci pouvaient être défendus autrement qu’en adoptant des attitudes citoyennes, dans cette affaire et dans d’autres. L’armée a réhabilité Dreyfus, c’est son honneur de l’avoir fait ; honneur bafoué par ceux qui, dans l’armée, avaient et fait condamné Dreyfus.
Ne confondons jamais l’être et le devoir être.