Article très intéressant qui pose les frontières entre travail rémunéré, reconnu car entrant dans l’économie marchande, et le travail non reconnu. L’économie marchande a tendance à repousser hors de ses frontières toute activité qui ne s’intègre pas dans ce que j’appellerais le « plan comptable général » des entreprises et de l’Etat. Cela comprend les législations, règlements, code du commerce et surtout la fiscalité concernant la production et la circulation des biens et services principalement. L’Etat voit d’un très mauvais oeil le troc ou l’économie du sel pour des raisons économiques.
L’économie marchande a fait certains progrès (dans le domaine de la reconnaissance seulement) puisque certains services qui étaient dispensés par des associations caritatives ou les familles (soins aux vieillards, aux handicapés, activités des petits enfants, par exemple) sont de plus en plus fournis par des structures économiques conventionnelles. Améliorations ou transformations négatives, cela se discute.
Il n’en reste pas moins que grand nombre d’activités humaines non rémunérées concourant à la bonne marche du système socio-économiques sont totalement ignorées. A mon avis, cela vient des processus historiques qui ont donné naissance aux concepts de l’économie telle qu’on la connait aujourd’hui. Je veux dire la propriété privée de la terre, des machines, du capital initial qui ont façonné les notions de production, de commerce, d’investissement, etc.
Autant de processus incontournables, de schémas mentaux et de pratiques quotidiennes qui sont très difficiles à modifier.
Car à part les échanges des communautés du sel ou encore les pratiques du troc, il n’existe pas, au niveau pratique, des unités de compte permettant de bien repérer et de gérer les activités du « non-travail » et de faciliter un échange organisé. A mon avis, cela reste à faire, mais malheureusement n’intéresse aucun programme politique à l’heure actuelle.