François Bayrou, que je ne soutiens pas politiquement par ailleurs, a eu pour moi le mérite d’approfondir un peu la question du rapport police-population en « banlieue ». Ces rapports tendus ne concernent pas uniquement les policiers mais tous les corps rattachés, à tort ou à raison, à l’Etat. Cela témoigne, à mon avis, du sentiment que peuvent ressentir les franges les plus fragiles de la population que l’Etat ne respecte pas sa part du contrat.
Ce qui était en jeu avec la police de proximité n’était pas tant la lutte contre la délinquance mais une volonté de permettre aux citoyens de se réapproprier l’Etat afin qu’il ne soit plus perçu comme un élément extérieur et ceci en rapprochant ses agents (ses représentants) de la population. Il en va de même pour les services publics en général.
Ce qui est extérieur, dans les situations de crise, apparait comme hostile. Le problème qui se pose en banlieue se pose aussi en zone rurale, de façon moins visible car moins médiatisé et par des différences au point de vue de la démographie (population plus agée et moins concentrée) sans être pour autant différente.
J’en veux pour preuve la violence des manifestations d’agriculteurs. Il ne s’agit pas ici d’excuser la violence, mais bien de comprendre qu’elle est souvent fille d’un sentiment d’abandon (réel ou supposé ce qui ne change rien).
Pour ce qui est de la Seine-Saint-Denis, devenu de par la « grâce » des discours politiques simplificateurs un symbole repoussoir, il m’apparait donc primordial de maintenir un lien entre la population et l’Etat qui passe par les services publics, dont il est nécessaire que les représentants non seulement travaillent mais vivent au contact de la population et idéalement soit issus de cette population.
C’est l’instituteur de la IIIème république en campagne(souvent issu du monde paysan), ou le receveur des postes dont l’autorité venait aussi de cette capacité qu’ils avaient eu à gravir l’échelle sociale, profitant de la promotion républicaine.
Pour finir, il ne faut pas s’étonner non plus que les fonctionnaires soient agressés physiquement, quand les discours politiques les décrédibilisent à longueur de discours, les faisant passer pour des privilégiés, peu efficaces de surcroit.