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Commentaire de Paradisial

sur Qu'est-ce que la laïcité ?


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Paradisial Paradisial 8 juin 2007 22:28

Bill,

que des inanités d’orientalistes visant à réduire l’apport méritoire de l’Islam dans la transmission et l’alimentation du flambeau nommé « Savoir » tombé des mains des sociétés grecoromaines.

L’arabité n’est point une identité ethnique, mais plutôt linguistique, mais bon, vous la réinterprêterez toujours sous une optique occidentale racialiste.

Quant à la prétendue intolérence musulmane à l’égard de la philosophie elle est intrinséquement impossible : l’Islam interpelle à méditer notre existance et notre environnemment afin de parvenir à mieux nous nous situer en tant que créature au sein du grand « labo » de la création, et de parvenir à asseoire notre assurance en l’existance de Dieu, et notre foi en lui, non pas aveuglément mais par la raison.

Science(s matérielles) et (humaines) philosophie sont indispensables pour parvenir à de telles finalités.

Le Coran ne cesse de nous exorter à mettre toute chose à l’épreuve de la raison.

Les hadiths ne cessent à mettre l’accent eux aussi sur le rôle de la Science :

  • Cherchez la Science du berceau jusqu’au tombeau ;
  • Cherchez la Science et ce même jusqu’en chine (à l’époque on voyageait à pied) ;
  • Auprès de Dieu l’encre d’un savant est plus appréciable que le sang d’un martyr.

Vous savez quelles sont les pierres sur lesquelles les musulmans d’autan ont trébuché pour revenir vers une histoire rétrograde ?!!

Elles sont au nombre de trois :

  • première pierre : les musulmans se sont défait de la démocratie islamique (la première forme du système kalifal) et ont chutté dans la « assabiya » (luttes intestines autour du pouvoir, fesant appel à toutes sortes d’intrigues, de tyranies et d’oppressions, qui restaura entre autres et hélas le système dynastique et moult privilèges politico-politiciens)
  • deuxième pierre : les monogoles. Ceux-ci profitèrent de la décadence politique interne du Kalifa, rongé par la Assabiya. En implosant graduellement l’empire islamique depuis ses périphéries, ils parvinrent aisément à en ceuillir - dans un coup final - son coeur fatal : Bagdad. Le sommum de la conscience musulmane morte et vivante (de vastes biblothèques encyclopédiques et une forte concentration transnationale de brillants savants pluridisciplinaires) y fut liquidées. Bien que les mongoles - en vainqueurs - finirent par se convertir à la religion des vaincus, ils ne parvinrent jamais à redonner à l’empire musulman le punch lancé du temps des Abbassides. Ils avaient d’ailleurs tout détruits.
  • troisième pierre : le Philosophe Al Ghazâli en personne. Hé oui. Aussi émérite soit ce brillant personnage, et aussi méritoire et excellentissime était sa contribution dans le système de pensée islamique, Al Ghazali participa indirectement et involontairement (bien plus tard) à l’évanouissement des sciences humaines de chez la culture musulmane. En fait, tous les penseurs qui vinrent après lui se heurtèrent à la philosophie brillante d’Al Ghazâli, et déclarèrent forfait, étant incapables d’apporter une contribution meilleure, surpassant la sienne. Même Avéroes, avec son essai « Réfutation de la Réfutation » ne fut pas plus convainquant, quoiqu’en disent les orientalistes et philosophes européens. Dès lors on cessa de philosopher, et on oublia même de se remémorer Al Ghazali : puisque le sommum de la philo était atteint avec Al Ghazali, on rangea les ardoises, et on renonça aux sciences humaines pour ne faire de l’ijtihad que dans les sciences religieuses. La « assabiya » aidant, hop, la chute libre pouvait commencer.

Malgré ce réquisitoire je ne formule point de grieffes à l’encontre de Al Ghazâli. Ce penseur et philosophe mérite d’être lu. Toutes les traductions de ses écrits sont fades et incapables de retranscrire la richesse et la beauté et de sa plume et de son système de pensée.

L’une de ces séries les plus célébres, constituée de plusieurs tômes, s’appelle : Ihya-e Ouloum ad-Dine, que l’on pourrait mal traduir par « La revivification des Sciences Religieuses » ; chaque tôme y appartenant est un joyau à la fois littéraire, philosophique et théologique (mais qu’en langue arabe, hélas).


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