Bon, je vois que parler de Paradis fait dériver dans le débat religieux, avec les croyants et les antireligieux... débat où chacun tente de convaincre l’autre des bienfaits de la foi où de l’absurdité des religions. Alors je vous donne mon point de vue, en tant que non religieux (même pas baptisé) qui a un peu réfléchi sur le phénomène, bien qu’étranger pour lui.
- Force est de constater que tous les peuples possèdent une religion, et ceci depuis le début des temps. L’absence de religion est entièrement contemporaine et ne touche qu’une infime minorité de citoyens de par le monde. Au lieu de le regretter demandons-nous plutôt pourquoi.
- Il semble exister chez l’homme un désir profond d’irrationnel qui a tendance à diminuer en Occident sous l’effet d’un cartésianisme efficace et producteur. Cet irrationnel vient contrebalancer le pragmatisme, comme si l’esprit humain possédait deux domaines complémentaires, et que les deux doivent s’exprimer pour que l’esprit accède à un équilibre. Le religieux prend beaucoup de place chez le premier. Mais quand ce n’est pas le religieux, c’est le politique (Marx promet un monde proche du Paradis aussi), ou toute autre forme d’idéologie qui n’a de sens que si elle reste à l’état d’abstraction. C’est ce qui a tué le communisme, la confrontation à la réalité qui ne faisait guère rêver. Savoir si les religions ont raison ou tort me semble un débat dépourvu de sens. Aujourd’hui, en occident, les religions sont presque toujours du côté du pouvoir (ce qui les rend très antipathiques aux yeux de certains) mais ce n’est pas le cas partout et elles peuvent même représenter une grande force antidictatoriale (Don helder Camara au Brésil, pendant les années 1980, comprenait, encourageait presque, le vol de nourriture pour ceux qui avaient faim. Au Brésil, la religion, ainsi qu’une frange de l’armée, représentaient les principales forces d’opposition à la dictature de l’époque. De quoi laisser certains songeurs). Combien de citoyens ont péri en exprimant des croyances réprimées ou interdites. Profitons de ce qu’aujourd’hui la croyance religieuse n’est plus synonyme de pouvoir pour laisser ceux qui ont la foi (tout le problème est là : la foi) l’exprimer librement en faisant toutefois attention à ce que, persuadés d’avoir raison, ils n’en déduisent pas immédiatement que les autres ont tort et ne cherchent alors à les convaincre. Voilà la règle de base : la tolérance qui exclut le prosélytisme. Chacun pense ce qu’il veut... et n’a pas forcément tort, à défaut d’avoir toujours raison.