Ce message pour adresser une réponse groupée aux commentaires postés à la suite de mon article.
D’abord, un grand merci à tous pour vos interventions. Je suis démocrate de conviction, et donc toujours heureux, par principe, de voir s’engager des discussions argumentées remettant en question les idées que j’avance.
Ensuite, plusieurs éléments de réponses :
- Je voudrais dissiper un malentendu : l’objet de cet article n’est pas de donner les résultats des législatives si elles s’étaient déroulées à un autre mode de scrutin, car très logiquement, si les règles avaient été différentes, les électeurs auraient voté différemment. L’objet de cet article est simplement de montrer l’Assemblée qu’aurait donné un mode scrutin semi-proportionnel appliqué aux résultats réels des législatives achevées dimanche soir. Ceci, afin de prouver sérieusement que ce mode de scrutin permet davantage de pluralisme, sans accoucher d’une Assemblée ingouvernable, et que donc ce serait une réforme utile de nos institutions.
- Que cette semi-proportionnelle puisse donner davantage de députés à l’UMP, c’est tout à fait exact. En fait, elle donne logiquement plus de députés à tous les partis, dont l’UMP. Et logiquement, toujours, elle en donne plus à l’UMP qu’aux autres partis, puisque l’UMP a la majorité en voix. Mais avec cette semi-proportionnelle, le poids de l’UMP en pourcentage de sièges diminue, car l’augmentation de son nombre de sièges est plus faible que l’augmentation totale du nombre de sièges pourvus. Il me semble donc que c’est inexact d’affirmer que « la semi-proportionnelle donnerait encore plus de sièges à l’UMP ».
- Plusieurs intervenants ont suggéré d’utiliser les résultats de la présidentielle pour cette modélisation, au lieu des résultats des législatives. Entre nous, j’y ai pensé, mais l’ennui est que cela pose des problèmes méthodologiques insurmontables : vous pouvez projeter les résultats du 1er tour de la présidentielle, mais vous ne pouvez pas décider arbitrairement ce qu’aurait donné le second tour imaginaire des législatives ainsi obtenues. Vous ne pouvez pas non plus déterminer comment se seraient déroulées les triangulaires. Bref, on ne peut pas se servir des résultats de la présidentielle pour modéliser l’Assemblée, parce qu’en procédant ainsi on n’a pas de calcul sérieux des résultats du second tour.
- Bien que je respecte celles et ceux qui estiment que l’étude faite par Le Monde est plus sérieuse que celle de cet article, je voudrais souligner que par définition, toute modélisation est fausse. Toute modélisation, celle du Monde comme la mienne, repose sur un certain nombre de partis pris méthodologiques, et sur des choix dans la façon de faire les calculs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, soit dit en passant, présenter les résultats d’une modélisation sans en expliquer précisément la méthodologie, c’est par définition une imposture (les sondages, par exemple). Bref, mon étude a des partis pris dans la façon de la fabriquer, celle du Monde aussi : elles sont donc, l’une comme l’autre, critiquables en tant qu’expressions d’une vérité exacte. Cela tombe bien : une modélisation ne sert pas à exprimer une vérité exacte, elle sert à proposer un cadre d’analyse.
- Plusieurs intervenants ont souligné que 2 fois 577 députés, ce serait beaucoup trop, et que cette proposition est donc mauvaise. Cela tombe bien : cet article ne le propose pas ! Cet article présente une modélisation de l’Assemblée qu’aurait donné un mode scrutin semi-proportionnel appliqué aux résultats réels des législatives achevées dimanche soir. Or à moins de redécouper moi-même les circonscriptions, parti pris méthodologique totalement indéfendable, la seule façon de calculer cela, c’est d’ajouter 577 députés virtuels élus à la proportionnelle aux 577 députés réels élus ces deux derniers dimanches.
Enfin, concernant la réforme institutionnelle qui serait la plus appropriée, on peut distinguer deux niveaux : le souhaitable, et le faisable. Le souhaitable, de mon point de vue, serait de redécouper les circonscriptions de l’Assemblée pour qu’elles soient démographiquement aussi équilibrées que possible, et d’élire le Sénat à la proportionnelle intégrale : on aurait ainsi une majorité stable pour gouverner, tempérée par un Sénat gardien du pluralisme. Mais compte-tenu de la pratique des redécoupages de circonscriptions « de complaisance, » et du verrouillage institutionnel qui empêche de réformer le Sénat autrement qu’en modifiant la Constitution directement par référendum, j’opte plutôt pour le faisable : un redécoupage des circonscriptions de l’Assemblée probablement « de complaisance, » mais avec la moitié des députés élus à la proportionnelle.
Thomas Guénolé http://grozbulles.hautetfort.com
22/08 15:08 - Thomas Guénolé
Si on parle de réforme idéale, je recommanderais plutôt que le mode de scrutin reste le même à (...)
22/08 14:54 - Nemo
Histoire d’être original, j’adhère tout à fait à cet objectif d’une meilleure (...)
22/06 04:01 - funram
Tut tut tut ! Je m’insurge, là ! Vous oubliez qu’à cette époque déjà lointaine, et (...)
22/06 03:51 - funram
Il ne s’agit pas ici de doubler le nombre des députés mais de simuler le POURCENTAGE (et (...)
22/06 01:08 - Albert
Bonsoir Thomas, Tout à fait d’accord avec toi pour dire notamment que la proportionnelle (...)
21/06 08:34 - Nicolas L
Le NC est démocratique ? première nouvelle... Quand au MoDem, attendez donc son congrés ! On (...)
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