Cette opinion est visiblement inspirée par une dévotion aveugle au pouvoir. Ce que l’on nous montre est tellement « abracadabrantesque » que l’on ne peut admettre que ce soit authentique. Et pourtant, si. Avant d’accuser de parti pris ceux qui propagent de telles images, il faudrait prouver la manipulation. Si c’était le cas, des chaînes de télévision étrangères ne se seraient pas risquées à en faire état. Et si ces images sont aussi anodines que le prétend cette opinion, pourquoi nos émissions d’informations télévisées les ont-elles éliminées au montage ? En fait le journaliste belge qui, en nous les faisant connaître, s’est permis un commentaire ironique, n’a commis qu’une seule erreur : il a ajouté à un fait irréfutable un commentaire fondé sur une hypothèse, à savoir que notre président n’aurait « pas bu que de l’eau ». La question n’est pas de savoir si le comportement étrange du président Sarkozy était dû à une ivresse provoquée par de la vodka offerte par le président Poutine, à un fou-rire difficilement contenu, à une perte de souffle causée par une arrivée précipitée ou, tout simplement, à ce que serait sa personnalité même.
Certains disent : " il a bien le droit, après tout ce n’est qu’un homme, ça ne vous est jamais arrivé de ne pas être dans votre assiette ? » Eh bien non ! Ce n’est pas qu’un homme, c’est le Président de la République française, celui qui, en France, a le pouvoir de déclencher le feu thermonucléaire. Quant à moi, qui ne suis qu’un homme, amené à intervenir régulièrement devant des auditoires divers, le plus souvent composés de clients, jamais en quarante ans de carrière il ne m’est arrivé d’avoir un tel comportement. Et je ne me trouvais pas alors en présence de personnes chargées d’informer la planète. Si j’avais donné un tel spectacle, je peux vous assurer que ma carrière aurait rapidement connu son terme.
Quand on pense que, le 10 avril à Tours, le candidat déclarait : « être Président de la République tel que je le conçois, c’est une ascèse, c’est l’oubli de soi », on ne peut être que stupéfait devant de telles images. Reportons nous maintenant à celles diffusées sur nos chaînes sous l’œil vigilant du CSA et destinées à manifester la compétence internationale du président Sarkozy. On le voit citer, parmi les sujets traités : « la journaliste ». Il faisait sans doute ainsi référence au cas d’Anna Politkovskaïa, assassinée il y a quelques semaines en Russie. Il a loué la connaissance des dossiers du président Poutine. Il est regrettable qu’on ne puisse lui adresser le même compliment. Comment a-t-il pu aborder ce sujet avec son homologue russe alors qu’il se révèle incapable de prononcer le nom de cette journaliste ? Il est aussi navrant de constater le décalage entre la formule désinvolte employée et la gravité de l’événement évoqué.
Ne serait-il pas opportun de nous poser la question suivante : avons nous bien élu un président digne de représenter la France ?