@Gazi Borat,
Vous ignorez un fait important - si le christianisme s’est opposé au paganisme gréco-celto-romain il les a plutôt absorbés. On a christianisé des institutions comme l’Empire ou les royaumes barbares plutôt que de les remplacer par des formes spécifiquement chrétiennes. Bien sûr, cela n’a pas été toujours harmonieux, la preuve, la rivalité entre Empereur et Pape. En somme, en Europe aucune notion de Jahiliyya n’entache le passé pré-chrétien, contrairement à ce qui s’est passé dans les pays islamisés. C’est pour cela que traditionnellement, la culture européenne peut se revendiquer à la fois chrétienne et gréco-romaine.
Le problème en Turquie, par exemple, c’est qu’à ce jour la référence historique est pensée en opposition à la situation précédente : Mehmet II contre Byzance. Mais on pourrait envisager qu’à la longue la Turquie moderne reconnaisse non seulement son héritage ottoman mais aussi le passé byzantin (et donc chrétien). J’en conviens, difficile a faire passer car ce même passé byzantin a été brandi par la Grèce en 1920 pour envahir la Turquie. Mais à coup sûr cela pourrait asseoir la Turquie sur des traditions finalement toutes proches de celles des autres pays d’Europe.
Choisir les principes de ’89 comme référence identitaire ? Beaucoup l’affirment, mais c’est insuffisant. La paix civile en France, vous ne l’ignorez pas, n’a été obtenue qu’en réconciliant le legs de la Révolution et celui des ’Rois qui firent la France’. N’en déplaise à Madame Royal qui avait opposé dans un de ses discours Révolution et l’Ancien Régime.