@ stradivarius
« se poser les bonnes questions.. »
Vous avez raison sur la question essentielle : Comment le régime jeune-turc a-t-il pu en arriver à organiser et procéder au génocide arménien ?
Mais d’autres questions annexes sur ce sujet seraient aussi à creuser, par exemple sur l’ingérence des états d’Europe dans la gestion des Millet (nationalités) dans l’empire ottoman
Chaque pays, au gré des concessions de l’empire agonisant, s’instituant protecteur de telle ou telle communauté, au gré de ses affinités culturelles.. obtenant des avantages particuliers, des franchises commerciales, octroyant des passeports (les fameux « Français du Levant ») et des statuts d’extraterritorialité créa artificiellement un déséquilibre qui allait s’avérer meurtrier.
Pour moi, le génocide arménien fut une effroyable mécanique qui se mit en marche dès la fin du XIX° siècle et que rien ne pouvait arrêter et qui bénéficia de la contradiction entre :
- des disparités économiques récentes.
- Un développement différencié des communautés du à l’apparition récente du capitalisme dans l’empire et à l’ingérence économique des états européens créanciers (la fameuse « dette ottomnane »).
Et, par dessus tout ça, l’irruption en Turquie d’alors d’un mouvement jacobiniste, héritier des idées de la Révolution Française face à un empire fondé sur le multiculturalisme et le communautarisme.
A mon sens et dans ce contexte, une minorité était condamnée au début du XX° siècle.
Ce furent les Arméniens mais tout aussi bien, dans cette logique, auraient pu être choisis les Grecs que les Juifs de Turquie ou (moins nombreux) les Italiens de la côte égeenne..
Ce n’est malheureusement ici qu’une partie de ce mécanisme que j’évoque mais d’autres liés au jeu diplomatique et à la concurrence entre Russie, Angleterre, Allemagne et France ou aux nationalismes émergents de l’Empire furent des facteurs non négligeables.
Armand (qu’il en soit remercié) a évoqué sur un autre fil la complexité de la période de la fin de l’Empire Ottoman, le génocide arménien s’y inscrit en plein.
« A propos de l’Autriche »
Vous évoquez Nuremberg en 1945 comme ce qui permit à l’Autriche de procéder à son repentir dans sa participation au massacre des Juifs d’Europe...
J’avoue avoir du mal à comprendre..
En 1945, l’Autriche était un pays occupé par quatre puissances, découpée en quatre zones et n’eut son mot à dire, en tant qu’entité juridiquement indépendante qu’à partir de 1961.
Les livres d’Elfriede Jellinek, les pièces de Thomas Bernhardt et d’autres ont parfaitement décrits l’ambivalence que nourrissait l’Autriche à l’égard de son passé nazi.
Un détail anecdotique :
Dirk Bogarde, durant le tournage à Vienne du film sulfureux de Liliana Cavani « Portier de Nuit », fut particulièrement choqué lorsque, à l’occasion de scènes en extérieur où il apparaissait portant l’uniforme noir de la SS-allgemeine, il fut applaudi par une foule de Viennois curieux..
On interdirait aujourd’hui l’entrée dans l’Europe pour moins que ça !
gAZi bORAt