Désolé Masuyer (dont j’apprécie par ailleurs le sens de l’analyse et la juste mesure tout en n’étant pas forcément d’accord), c’est plus compliqué que cela ! L’extrême-droite a longtemps conspué chez le Juif (dans son imaginaire) l’infiltré apatride contrôlant en sous-main la finance et les institutions. Avec l’avènement d’Israël, c’est-à-dire d’un état-nation doté de grandes vertus matiales (dixit Evola), correspondant donc aux valeurs suprêmes de la droite, les Juifs sont devenus fréquentables, d’autant que la SHoah rendait désormais inconvenantes les éructations des Céline, Rebatet, Sidos, et la guerre permanente contre les arabes offrant des alliances possibles, surtout dans le sillage immédiat de la guerre d’Algérie. Dans les années 70, on trouve une extrême-droite singulièrement purgée de ses scories antijuives.
Ces convergences intéressaient sans complexes les sionistes de droite, et il y eut une époque de va-et-vient entre des groupuscules comme Occident, Ordre Nouveau et le Bétar.
Avec l’avènement d’une droite extrême se voulant révolutionnaire et plaçant au centre de son dispositif l’antiaméricanisme, les vieux génies antijuifs sont ressortis de la bouteille, avec des mots d’ordre comme ’au Sentier comme a Gaza, Intifada !’. On se retrouve ainsi avec un antijudaïsme intégral, refusant aux Juifs un état-nation tout en traquant, au sein de la France, les influences d’un prétendu lobby juif.
je vous laisse le soin d’imaginer comment ces tendances peuvent trouver leur pendant tout autant dans un islamisme ’traditionaliste’ que dans l’extrême-gauchisme.
Cordialement