Toutes ces questions, et tous ces angles d’approche sont passionnants. Ils touchent à des problèmes de fond de notre société, problèmes qui concernent au premier chef nos Politiques, mais aussi l’ensemble des citoyens de notre pays... (et pas seulement notre pays, les sociétés occidentales connaissent et gèrent, à des degrés différents, avec des solutions elles aussi différentes, des problèmes analogues).
La question centrale de ce problème complexe me paraît être notre « modèle français » d’intégration de sa jeunesse : modèle pensé sur le mode de l’assimilation.
Ce modèle a fonctionné jusque dans les années 70, et ne cesse de se dégrader depuis. Il est facile de comprendre pourquoi il ne fonctionne plus :
D’abord, parce qu’il y a le nombre : nombre de migrants qui a considérablement progressé depuis cette époque, alors que nous entrions dans une période (dont nous ne sommes toujours pas sortis, loin de là)de récession économique. Nombre de travailleurs pauvres (autochtones) lui aussi en constante progression.
Ensuite, parce que l’école a cessé, pour une majorité d’élèves, de jouer le rôle d’ascenseur social qu’elle avait joué jusque là... et parce que la possession de diplômes et de titres universitairs (ou professionnels) ne suffit plus à assurer une vie décente. Or, pour ceux qui naissent dans les milieux populaires (et dans les « classes » moyennes), seule la possession de dipômes constitue le moyen d’embrasser une profession. Ce ne sont ni les relations des parents, ni l’argent qui peuvent assurer à ces jeunes une place dans la société du travail.
Egalement,parce que notre modèle d’intégration ne tient pas compte de la culture d’origine de ceux qu’il prétend intégrer. Ce modèle est calqué sur le modèle bourgeois du XIX°, modèle secondaire pour le collège et le lycée, modèle de l’élite qui est à des lieues des cultures originelles des jeunes de certains milieux et dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Ceci mériterait de longs développements (j’ai rédigé une thèse de doctorat sur la question de la socialisation de la jeunesse).
Enfin, parce que les politiques de logement et de sectorisation scolaire ont aggravé terriblement la situation.
Donner à chacun ce à quoi il a droit devrait être une priorité : les enfants des classes populaires, qu’ils soient issus ou non de l’imigration, devraient bénéficier des moyens de comprendre les codes du langage dès les premières années de leur scolarisation, de méthodes d’apprentissages plus souples et plus concrètes afin de pouvoir accéder ensuite aux exigences de nos programmes scolaires. (cf. Berger Luckmann, Langage et classes sociales).
Si ces moyens étaient donnés, le problème de la sectorisation des Ecoles (au sens générique) se poserait différemment. Mais cela supposerait un autre regard posé sur l’Autre, un regard généreux et positif.
Egalement, parce que les