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Commentaire de ExSam

sur Rendre « Le Monde » aux journalistes et aux lecteurs


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ExSam 12 juillet 2007 12:03

La férocité des propos d’Alain Minc vis-à-vis de la rédaction du Monde a de quoi faire frémir tous les confrères que nous sommes.

Moi, ce qui me fait frémir, c’est le fait qu’en à peu près 2000 mots on trouve pas mention de la Société des Rédacteurs du Monde, dernière société de ce genre, alors qu’au début des années 70, il y en avait encore trente.

C’est pourtant cette société qui vient de virer Colombani, c’est pourtant elle qui représente l’indépendance réelle des acteurs véritables de ce journal avec les techniciens, la fameuse liberté de la presse possède là une structure. Unique, menacée par des vautours comme Minc.

On voit bcp de brêves sur la bataille au Monde, mais la plupart des canards en font du factuel. Aucun ne revient sur cette structure originale, ni ne la détaille vraiment les coulisses, ni ne remonte la pendule pour montrer combien la bataille est essentielle, emblématique de la défaite de la Presse par l’argent et le Pouvoir, par cet appel au profit qui engage dans le quantitatif et détruit la qualité, l’indépendance, l’honnêteté, mécaniquement, sans parler des types comme Minc, qui sont là pour provoquer sans cesse la compromission, le débauchage, la vénalité des journalistes.

Car, enfin, c’est depuis son entrée en Bourse, depuis cette acceptation de la prise de poids publicitaire, du marché, du bourrâge d’info que le Monde a des problèmes. Ce n’est plus le même Monde, comme disait Péan. C’est une grosse machine contre l’info qualitative, la fidélisation du lecteur par la qualité, qui permettait un journal indépendant, une info véritable.

Ce n’est pas neutre que les journalistes ne fassent pas info véritable, avec une info qui les concerne pourtant essentiellement.

Alors qu’ils devraient se mobiliser pour que leurs « confrères » gagnent, au Monde et à la Tribune. Il en va du peu de liberté qui leur reste, à tous, et de l’espoir en l’avenir.

On parle ici du contenu, de l’info. Mais on peut passer sous silence, ce qui est bcp tue aussi, comme par hasard. Ces difficultés d’emploi constantes et aggravées qui accompagnent la botte qui écrase. La multiplication des tâches qui transforment le journaliste en caméraman, preneur de son, dactylo, monteur...Toutes difficultés quotidiennes pour l’immense majorité de cette profession en déclassement, en déclin matériel, moral, spirituel.

Elles vont s’aggraver si la finance continue à écraser les organes de presse.

Une majorité de journalistes sont précaires, aujourd’hui et le turn-over est énorme. Je ne vois pas ce qu’ils ont à perdre à crier haut et fort, au moins sur le Web, quand on voit que des figures comme Viviant, Schnedermann se font comme des malpropres par la Lepénie masquée. Je ne vois ce qu’ils auraient à faire « écran noir » sur les journaux, sur les télés et les radios. Pas une info pour les amis des vautours, les politiques, ces beautiful people qui vivent dans des palais et ponctionnent tout le monde en faisant croire qu’ils font ça pour notre bien. Cette race-là ne serait rien si les médias ne les encensaient, ne les photographiaient, ne les imposaient sans cesse aux yeux et aux esprits.

Par ailleurs, je ne vois ps dans cet article mention du fait que Minc est viré. Sans doute par fidélité à sa jeunesse, sûrement parce que le Minc impressionne tant l’auteur qu’il lui sert, ou à ce qu’il incarne, du « capitaine d’industrie ». Mais Minc, ce larbin d’un banquier scandaleux, pendant des décennies, est proprement viré et se maientient de manière putschiste.

Il n’a obtenu que 10 voix, il lui en fallait 11 pour oser prétendre encore au poste de président du Conseil de Surveillance.

Qui veut l’imposer contre les statuts de liberté du Monde ?..L’argent, l’actionnaire et quelques petits pourris, habitués de la gamelle, comme Perdriel. Cette crapule qui nous fait du « Gala de Gauche » avec l’Obs depuis trop d’années.

Il faut absolument soutenir par tous les moyens le Monde contre l’argent qui le gangrène. Je ne comprends que les journalistes du Monde et d’autres journaux n’aient pas lancé au moins une pétition. On n’entend pas non plus, ou à peine, les syndicats de journalistes.

Alors même qu’on voit ce porc d’Arnault, ce type qui gagne 15000 fois le SMIG, se payer la liberté d’un autre canard, les Echos. Sans doute pour en faire une grosse merde comme la Tribune, qui perd 1M€/mois, comme nous le relève le Canard.

Les journalistes n’obtiendront rien à être timoré, « sérieux », comme les gens de pouvoir, politiquement correct. Ils n’ont jamais rien obtenu, sauf l’érosion de plus en rapides de leurs statuts, de leurs salaires, de leur liberté et de leurs moyens pour investiguer. Il suffit de regarder le prix moyens des piges, aujourd’hui et de le comparer à ce qu’il était il y a vingt ans. Les porcs de la finance et les lepénistes honteux ne leur tresseront pas de couronnes. Quand ils estimeront que l’opposition digne et de bon ton, genre « socialistes à l’assemblée », n’est plus audible, ils laisseront Arnault se goinfrer. Arnault qui foutra dehors sans ménagements, ni indemnités les quelques-uns qui se sont poliment opposés.

Arnault et la tête pourrie de la politique en France ne sont pas du genre à aimer les libertés et ce qui peut les incarner, la Presse. Ils vont combattre ceux qui relèvent la tête, les réduire, les abattre et puis les jeter, comme des kleenex, comme des ouvriers Danone, si la Presse, la vraie, ne se donne pas les moyens de résister, de se battre.


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