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Commentaire de sys

sur Vote par note et vote par approbation


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sys 14 juillet 2007 12:48

Merci pour cette précision. Je suis tout à fait d’accord avec vous qu’il ne faudrait pas tomber dans le piège du « consensus mou » permanent, et d’une perte en terme d’innovation et d’audace politique.

Mais je ne pense pas qu’un système de vote par valeurs aboutisse à un tel consensus mou permanent. Voici quelques éléments de réponse :

* Où est l’audace ? La politique revêt une quantité innombrable d’aspects et de sujets, chaque électeur et homme politique les priorise selon son opinion. Vous jugez par exemple important de trancher nettement entre l’une des deux stratégies économiques portées par les 2 courants politiques historiques en France. Discutez avec un électeur de Bayrou, il vous répondra, qu’au contraire, ce débat est dépassé, la preuve a été faite que c’est un subtile mélange entre ces approches qui porte le plus ses fruits et que l’audace politique aujourd’hui n’est plus du tout là mais dans une rénovation forte des principes de séparation des pouvoirs (les trois classiques + celui des médias) qui permettra une nouvelle respiration de la démocratie et du fonctionnement de notre société. Un autre vous dira que le vrai courage politique est de s’attaquer à tout ce qui ne se voit pas aisément par l’électeur et sclérose notre société dans ces mécanismes de fonctionnement. Qui a raison ? Personne ou tout le monde, c’est une question de point de vue et d’opinion. Je ne peux dire non plus lequel des trois programmes présidentiels était le plus audacieux.

* Difficile de l’emporter sans soutiens francs. Concernant le système de vote de valeur, il semble très difficile de l’emporter si vous ne bénéficiez pas d’un franc soutien d’une partie de la population et d’une base militante qui pèse de tout son poids dans leur bulletin (principe du vote militant où l’électeur met le maximum à son candidat et le minimum à tous les autres). Je ne vois pas comment un homme politique pourrait acquérir une telle base militante sans une certaine forme d’audace et d’ambition.

* Les effets du temps et l’usure du pouvoir. Résonnons à présent par l’absurde. Imaginons qu’un système de vote par valeurs ait fait élire un candidat au « consensus mou ». Inévitablement, si ce consensus mou ne porte pas ses fruits, l’usure du pouvoir et l’envie de renouvèlement aidant, ce consensus mou sera éliminé aux prochaines élections.

En miroir du risque de ce consensus mou d’un système de vote par valeurs, je voudrais insister sur le risque avec notre système actuel de « l’élection catastrophe ». En 2002 nous avons connu un Chirac-Lepen. Imaginons un scénario : en 2019 la situation économique s’est fortement dégradée. Les tensions sociales s’accroissent, la charge économiques des chômeurs d’une part et des retraités d’autre part ne cesse de s’aggraver. Vous obtenez alors une société en forte tension entre des classes d’électeurs aux intérêts divergents : les actifs, les chômeurs, les retraités, sans compter les immigrés. Dans une société où la peur et la crainte du lendemain s’installe, le phénomène protectionniste communautaire est alors inévitable, même s’il est rationnellement suicidaire à moyen terme. Dès lors vous obtiendrez au 2ème tour des élections de 2019 un scénario catastrophe avec 2 candidats extrémistes qui se sont accaparés 20% des voix d’une des communauté en les opposant aux autres. Au milieu, les 3 candidats prônant une approche raisonnable et consensuelle se sont partagés 40% des voix, mais le principe d’émiettement les a éliminés pour le 2ème tour. Je suis intimement persuadé que nous ne sommes pas l’abri de tels scénarios, et il me semble irresponsable de ne pas l’envisager et de chercher des solutions pour l’éviter. Le vote par valeurs éloigne ce risque.


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