Au moment même où les infirmières bulgares expliquent à l’opinion publique horrifiée les tortures que Khadafi leur a fait subir pendant des années, on apprend qu’en échange de leur libération Sarkozy a proposé au colonel Khadafi, en plus de quelques avions de combat, l’accès au nucléaire en lui fournissant une centrale destinée, nous dit-on, au dessalement de l’eau de mer.
Quoi de plus généreux que de fournir de l’eau douce à la population libyenne !
Mais de qui se moque-t-on ?
Qui peut croire que la dessalinisation nucléaire de l’eau de mer est une solution raisonnable pour les Libyens, alors qu’ils disposent de pléthore de pétrole et de gaz, sans compter l’énergie solaire pour dessaler, à bien moindres frais et surtout sans danger, leur eau de mer ?
Qui peut croire un instant, pour un pays dont la consommation d’électricité n’atteint pas 15TWh, à l’intérêt d’un parc nucléaire alors qu’un seul réacteur EPR en fournit une douzaine ?
En revanche, c’est pour Khadafi une occasion en or d’accéder au nucléaire, avec la caution de la France.
On nous dira qu’il s’agit de nucléaire civil et que l’étanchéité avec le nucléaire militaire est garantie.
Rappelons cependant :
- qu’il suffit de disposer de déchets d’un réacteur nucléaire pour réaliser une jolie « bombe sale ».
- qu’il est possible de retraiter l’uranium irradié et d’en tirer le plutonium nécessaire à la bombe. L’Iran en est l’illustration.
Khadafi s’est-il acheté brutalement une conduite ? Les Libyens seraient incapables, au contraire des Iraniens, de parvenir à leurs fins ?
Personne ne le croit ! Personne ne prétend qu’il n’y a aucun risque ?
On atteint là les limites de l’exercice : il ne suffit plus de gesticuler et d’occuper à tout prix le devant de la scène médiatique.
En acceptant ce troc honteux et irresponsable, nucléaire contre infirmières otages, Sarkozy expose la communauté internationale à des risques inconsidérés, et crée un précédent dangereux qui justifie d’avance le chantage et les revendications de tous les dictateurs de la planète.
Mais que ne ferait-il pour l’image ?