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Commentaire de miaou

sur Créationnisme et dessein intelligent : échec total à l'Est


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miaou miaou 30 juillet 2007 14:05

Plusieurs contre-sens, voire contre-vérités, dans cet article :

« Dans les Etats à majorité musulmane, il est évident que tout ce qui est « marqué » comme venant des Etats-Unis, de plus véhiculant des concepts « chrétiens », est voué à un rejet d’office, quasi-automatique. »

René Girard a, au contraire, expliqué la relation Occident-monde musulman par le mimétisme : le monde musulman aurait bien voulu, pour sa gloire propre, atteindre le niveau scientifique et technologique de l’Occident ; la supériorité occidentale vaut donc humiliation. Il n’empêche que pour atteindre leurs objectifs, les terroristes ont employé des moyens issus de la technologie occidentale. Il s’agit donc bien d’un rejet de l’Occident que d’une intense jalousie.

En outre, rappelons que dans les faits, un des points marquants de l’actualités « anti-évolutionniste » est la mise à disposition gratuite pour les bibliothèques d’un livre allant dans ce sens, dont l’auteur est un musulman.

« En Russie, les causes de l’échec des théories citées peuvent être trouvées dans deux facteurs : »

Un petit bémol : même si cela est lointain, rappelons que la Russie est la patrie de Lyssenko, de sinistre mémoire, opposé à la génétique et qui a envoyé nombre de généticiens au goulag.

« les populations sont imprégnées par des philosophies de vie personnelle (bouddhisme, hindouisme, shintoisme, taoisme), les cultures des populations en Asie sont par essence contradictoires avec les orientations que portent le créationisme et le « dessein intelligent ». »

Sauf que la philosophie orientale a été un frein considérable au développement de la science, à un certain stade.

Le cas le plus caricatural est celui du bouddhisme, pour le quel le monde n’est qu’illusion, l’intérêt de la science étant donc nul. Cela se confirme par le fait qu’il existe très peu de scientifiques tibétains tibétains, par exemple (remarque de Claude Allègre, dans son ouvrage « Dieu face à la science »)

De manière plus générale, la notion du temps diffère entre l’Occident, pour le quel il existe un flèche du destin (tant chez les philosophes grecs, le christianisme, le marxisme ou les partisans du progrès), et l’Orient, pour lequel prévaut encore la notion primitive de temps cyclique (inspiré du rythme des saisons). La conséquence « psychologique » est un état d’esprit selon lequel que rien de nouveau ne se fait sous le soleil, à l’opposé de la créativité occidentale, induite par ce « sens de l’histoire »

Enfin, de manière plus fondamentale peut-être, la notion d’un Dieu créateur a induit celle de lois divines (les plans du « Grand Architecte de l’Univers »), dont il devient légitime de percer les arcanes ; elles deviendront par la suite les lois scientifiques. Combien de grands scientifiques furent des ecclésiastiques chrétiens (Copernic, Mariotte, Haüy, Mendel, Lemaître, Breuil,...) ou de grands croyants (Blaise Pascal, Laurent Lafforgue...) ; face à ce palmarès, les grands maîtres spirituels de l’Orient font pâle figure. La science indienne ou chinoise n’est certes pas négligeable, mais son pragmatisme exacerbé ne lui a permis d’atteindre par elle-même le niveau occidental (issu de la tension permanente entre l’empirisme et la théorie).

Enfin, les philosophies orientales sont de natures assez molles, elles s’adaptent au darwinisme, comme elles se seraient bien adaptées à la théorie contraire. Donc, pas de véritable débat ou confrontation, pas d’avancées. Malgré tout le mal dont on peut accabler le créationnisme (par moi y compris), on ne peut pas nier que sa quête insensée et impossible permet de soumettre aux scientifiques nombre de cas intéressants, qui oblige ces derniers à réfléchir constamment en but d’une amélioration de la théorie : ce qui est l’objet même de la science.

Sans s’apposer à ce qui précède, je mets également en avant une certaine sagesse occidentale, qui se traduit par une méfiance à l’égard des robots, des clones, des OGM..., toute chose absence de la tradition orientale. Il est évident qu’il ne faut aller trop loin dans ce domaine, mais cette réticence amène au moins à une certaine réflexion qui, demain, nous éviterons peut-être le pire. Si les « Droits de l’Homme » sont nés en Occident, cela n’est pas indifférent.

« La recherche scientifique est et doit rester libre, fondée sur la seule raison et le seul savoir vérifié expérimentalement, »

Certes, la sphère religieuse n’a priori, pas à intervenir dans le domaine scientifique. Rappelons toutefois, d’une part, que le moteur, ou la source d’inspirations, de bien des découvertes scientifiques fut religieux quoi qu’en dise (sans que cela appelle à démontrer les thèses religieuses) ; d’autre part, cela appelle la réciproque (certains scientifiques, athées militants, tels Dawkins ou Patrick Tort, utilisent leur interprétation restreinte du darwinisme comme munition à leur combat)

Enfin, plus généralement, je ne comprends pas le sens de cet article, qui tendrait à prouver, en dépit des évidences, que le lieu de naissance de la science moderne est le moins apte à la poursuivre.


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