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Commentaire de ndnm

sur Quand franchise médicale rime avec perfidie politique...


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ndnm 3 août 2007 13:18

Derrière ces histoires de franchise médicale se cache une conception des dépenses de santé publique qui n’a pas grand chose de bien franc puisque les tenants et les aboutissants sont bel et bien masqués aux yeux de l’opinion.

D’un constat : la santé coute cher. On arrive à une question : peut on réduire les dépenses de santé. Si oui : comment les réduire efficacement ?

Dans un premier temps, il faut determiner, donc s’il est possible de réduire les dépenses de santé. Posée comme ça la question n’a pas de sens. Pour moins dépenser, il suffit... de moins dépenser. La véritable question est donc : peut-on dépenser moins en obtenant un même niveau de soins. Parce qu’on est bien d’accords : il n’est pas question de sacrifier la santé sur l’hotel de moins de dépenses de l’état ? si ? non parce que finalement, des economies on peut en faire ailleurs :
- ne pas renouveller tout le parc des voitures de fonction de Bercy lorsqu’on prend ses fonctions.
- ne pas faire installer des écrans plasma dans toutes les pièces de son logement de fonction
- réduire les traitements dispendieux des élus les plus hauts placés et des non élus aussi au passages (je ne sais si vous réalisez ce que coute un préfet mais rien qu’avec un demi traitement ils seraient encore dans le dernier quartile des salaires en france - pour les non-statisticiens : dernier quartile = dans les 25% les mieux payés de france).

En matière de santé, donc, de deux choses l’une :
- « il ya du gachi d’argent » : alors il suffit d’éliminer les dépenses non-utiles.
- « il n’y a pas de gachis d’argent » : alors, aussi douleureuse que soit la note, il convient de l’honorer et de préférence sur les deniers des plus riches puisque c’est le principe de solidarité qui prévaut en France.

Nombre d’études en économie de la santé mettent en évidence ce que l’on appelle des « surdépenses ».

Le débat se déplace alors sur les moyens de les éliminer.

Nouveau constat : deux types d’acteurs jouent un role dans les dépenses de santé. Le médecin (prescriteur) et le patient (bénéficiaire).

C’est donc entre ces deux acteurs qu’il faut chercher la responsabilité des fameuses surdépenses.

Deux effets se combinent alors dramatiquement :
- les medecins qui prescrivent trop et/ou inutilement d’un point de vue médical (une prescription est toujours utile en revanche d’un point de vue commercial puisqu’il réassure le client au sujet de la « compétence » et de la « réactivité » de son fournisseur de soin).
- Les patients qui consultent trop : lorsque mamie ginette n’est pas satisfaite du premier avis de son fournisseur habituel de cachetons « madame, on va arreter votre traitement, vous etes maitenant guerie », que fait-elle ? hé bien elle cherche un meilleur commerçant qui lui permettra d’obtenir sa dose de médocs.

Or, donc, le système de franchise contraint mamie ginette à y aller molo sur les consultations. Soit. Par contre, en quoi empeche-t-il un medecin de trop prescrire ? Je demande ça parce que finalement quand on fait des dépenses de santé c’est bien parce qu’un medecin l’a suggeré, non ? Ils passent suffisament de temps à le dire : c’est eux les experts, c’est eux qui savent... non ?

Depuis que le trou de la sécu existe plusieurs systèmes de controle du comportement des medecins ont été tentés (enveloppes médicales, entre autre). Tous ont échoué. Pourquoi ? Parce que la majorité des medecins les plus dépensiers s’en sont simplement battu l’aile et que compte tenu du relais d’opinion qu’ils représentent et du peu de courage politique de nos dirigeants ont les a laissé faire n’importe quoi. Pire on les a même augmentés pour leur permettre d’agrandir encore le trou.

On se retrouve donc avec un pis aller : agir sur les patients pour qu’ils consomment moins. Cependant la conséquence aura deux visage :
- des réductions de dépense pour les moins fortunés qui entraineront des problèmes de santé publique. Quand le petit albert aura bien laissé se développer ses microbes et les aura refilés à ses camarades de classe (une bonne vintaine d’eleves) au lieu d’avoir remboursé intégralement une consultation et un traitement, l’état aura à rembourser une vingtaine de consultation et de traitements. Bien joué la franchise.
- Des augmentations de dépenses au poste santé des ménages qui en auront les moyens entrainant un réduction des dépenses sur les autres postes (loisir, éducation, etc...) ce qui aidera probablement assez peu à la croissance de la consommation (qui est depuis plus de 20 ans le principal soutient de la croissance économique en france). Bien joué la franchise.

Bref, à faire porter la responsabilité du trou aux beneficiaire des soins plutot qu’aux prescripteurs non seulement l’etat montre la justice dont il sait faire preuve (pénaliser ceux qui subissent plutot que de controler les responsables) et à n’en pas douter clamera son efficacité car les dépenses de santé seront bien réduites (au pire on truandera les chiffres comme pour le chomage et la croissance).

à bonne entendeur. ndnm


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