Je partage le point de vue comme quoi les marchés financiers (1 actionnaire, ’n’ votes) diffèrent de la démocratie (1 personne = 1 vote). Pourtant, je crois que les mécanismes en jeu en matière de prise de décision collective se ressemblent.
Le point que vous évoquez sur le fait que la « décision » des marchés de sanctionner la société coupable provienne d’un comportement moutonnier remet-il en question la qualité de la « décision » ?
Par ailleurs, ce phénomène « moutonnier » que vous mettez en avant comme illustration du dysfonctionnement des marchés financiers est aussi analysé par Surowiecki dans son ouvrage sous l’appellation de « cascade informationnelle ». Il y trouve une explication à l’origine des bulles, à l’ « exubérance irrationnelle » d’Alan Greespan. James Surowiecki montre aussi comment l’adjonction d’informations particulières est propice à l’émergence de biais propres à fausser la qualité du « jugement » collectif. Cela ne rappelle-t-il pas l’émergence de courants d’opinion aux accents parfois délirants, observés dans la vie civile sur des thématiques comme la sécurité, la polygamie dans les banlieues, la façon dont les rumeurs se propagent dans une opinion publique qui « déraille » collectivement ?