Excellent article qui dévoile et décoiffe le désir politique et ses dispositifs (Deleuze) à la manière de Machiavel.
Ainsi le narcissisme anxieux et donc dominateur du désir de pouvoir, en tant correctif compensatoire et imaginaire d’une toujours menaçante dépression, réalisé ou incarné dans l’obéissance objectivée des autres , n’implique en rien sa disqualification radicale, seulement son éventuel mauvais usage vis-à-vis duquel chacun est appelé à se prémunir de toute identification ou culte de la personnalité en mesurant chaque coup ou procédé politique à des valeurs susceptibles de valoir pour l’autonomie et la reconnaissance de tous, conditions de la concorde civile (Spinoza) qu’il ne faut pas surtout confondre avec la paix des cimetières (Kant) qui suit ou accompagne nécessairement la guerre des chefs et des dieux.
Le désir de pouvoir est en effet toujours menacé par le désir de dominer ; c’est pourquoi, soit seuls les philosophes sans passions peuvent gouverner avec et pour la justice (Platon), ce qui est humainement impossible, soit c’est à la démocratie de limiter le pouvoir par des contre-pouvoirs inconstitutionnellement suffisamment efficaces pour contraindre le désir de pouvoir de se mettre au service du désir de coopérer librement, si tant est que celui-ci soit produit par un procès de civilisation et d’éducation de longue durée.
C’est à cette condition que la démocratie ne peut virer, ce qui est sa pente quasi-spontanée, à la démagogie ou tyrannie majoritaire médiée par celle d’un chef imaginaire auquel chacun croit pouvoir identifier par procuration son propre désir, impuissant, de domination .
Les relations de pouvoir et les jeux du désir