Avant tout, merci à vous Mangouste pour avoir ouvert et centré un débat sur la liberté d’expression (et non sur les médecines naturelles !) à l’occasion de notre mésaventure.
Je suis journaliste pour la société Santé Port Royal qui édite plusieurs revues dont « Pratiques de Santé ».
D’après moi, le problème se pose bien en termes de liberté d’expression et de ses contours à géométrie variable.
Si le référent ultime, qui permet de décider si oui ou non une revue peut se voir attribuer le fameux numéro de commission paritaire, est « l’intérêt général », alors on peut se demander pourquoi « Cigare magazine » a retrouvé son numéro de commission paritaire, alors qu’il l’avait perdu, il y a quelque temps, car le président de l’époque était anti-fumeur. On peut effectivement penser que l’Etat, au nom de « l’ intérêt général », n’a pas à subventionner un magazine qui fait la promotion d’une substance qui tue à coup sûr ses consommateurs....
Dans le même registre, on peut se demander pourquoi « fusil d’assaut magazine » (j’invente mais, chez son kiosquier, n’importe qui voit des couvertures de magazines de ce genre) a son numéro de commission paritaire. Est-il dans « l’intérêt général » que la population, en général, et les adolescents en particulier, aient une sorte de revue technique de ce genre de produits...histoire de savoir ce qu’ils font lorsqu’il s’agit de vider un chargeur dans leur école un jour de déprime ( ex : plusieurs fois aux U-S, mais aussi en Allemagne dernièrement, les ados, outre des anti-dépresseurs, possédaient ce genre de revues chez eux) !
Sur un ton plus léger, je ne vois pas pourquoi « Bateaux à voiles magazine » a un numéro de commission, alors que peut-être 90% de la population ne s’intéresse en rien à la voile. Je ne vois pas que mon intérêt, (le général n’est que la somme des particuliers, mon avis compte donc !) est préservé, sauvé et garanti parce que ce genre de canard à un numéro.
Mes exemples volontairement provocants sont juste là pour souligner la difficulté à cerner cet argument d’autorité qu’est « l’intérêt général ».
Si le « général » veut dire : le plus grand nombre, nous avons, en tout, plus de 120 000 abonnés payant, ce qui veut dire environ trois fois plus de lecteurs. Humblement, on peut quand même se dire que ça commence en compter pour une presse spécialisée.
Même parmi les grands magazines, personne ne peut (honnêtement) aligner ces chiffres.
Par ailleurs, selon les chiffres de l’OMS, 70% des individus des pays développés avouent avoir eu recours un jour à une médecine dite « naturelle, douce, parallèle... ». L’heure n’est plus à se demander si c’est un monde de sorcellerie, de charlatans, d’escrocs,.... mais plutôt, comment ça marche, qui fait marcher ce « petit » monde, quelles sont les nouveautés, les actualités, les innovations....
N’est-il pas dans « l’intérêt » des utilisateurs, en « général », que des journalistes les informent sur ces points ?