On appelle cela des « ratios prudentiels ». Ils existent, et c’est une bonne chose. Mais ça ne suffit pas.
Les US ne l’ont pas clamé, mais ils ont abaissé les ratios bancaires après le krach de 2002.
Ensuite et surtout, ces ratios sont établis par rapport à des actifs, qui sont eux-mêmes des biens meubles ou immeubles soumis à évaluation. Et cette évaluation a tendance à suivre la mode du jour.
La crise qui va frapper trouve son origine en 2002. Quand le nasdaq s’est cassé la gueule, la fed a brutalement baissé ses taux pour ne pas asphyxier l’industrie. Du coup, les prêts immobiliers étaient bon marché, donc plein de gens ont emprunté pour acheter de la pierre. Ca a fait monter les prix de l’immobilier, donc la valeur de leurs biens, donc ils ont pu emprunter encore plus pour la consommation, etc ...
Au début, 2003 et 2004, c’était plutôt des gens solvables qui achetaient. Et puis ça s’est tassé. Alors, pour ne pas faire retomber le soufflé, les banques ont commencé à prêter à des gens insolvables. En 2006, le quart des prêts immobiliers était « subprime », c’est à dire fait à des gens qui n’avaient pas les moyens de rembourser. On était dans la logique de fuite en avant qui précède les krachs.
Il y a eu le même phénomène pour les entreprises. Le crédit bon marché a poussé à acheter risqué. Ca a été, et surtout en 2006, la grande vague des fusions/acquisitions, surtout des LBO fait par les hedge funds. (Note en passant : j’ai toujours affirmé ici que le principal risque des fonds spéculatifs était qu’ils échappaient à la loi Sarbanes-Oxley et aux ratios prudentiels). La titrisation des LBO est aujourd’hui tout aussi invendable que celle des subprimes. Il y a DEUX bulles, et c’est le danger de la situation.
Je ne dirais pas, comme d’autres commentateurs ici, que ces bulles étaient naturelles.
Au début, la réaction de la fed était saine comme contrecycle à la bulle internet. Mais avoir laissé la situation perdurer en 2005 et 2006 était diabolique, et peut difficilement s’expliquer autrement que par un souci de politique intérieure. En effet, il ne restait que ça aux républicains après tous leurs échecs sur tous les sujets non économiques et face à la hausse du pétrole. Après moi, le déluge ...
Le bon côté de la correction, c’est qu’elle va sans doute atténuer la tension sur les matières premières. Et avec beaucoup de chance, le temps que l’UMP mette en place la défiscalisation des emprunts immobiliers, elle pourrait arriver par miracle au bon moment juste après le krach.