http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/01/30/article.php?sid=33774&cid=8
.(....) En fait, le cinéma en Egypte est de plus en plus regardé comme un objet de dépravation, un péché conduisant à l’enfer.
L’islamisation massive de la société fait apparaître de nouveaux critères culturels et, surtout, de nouveaux censeurs. Des feuilletons comme La famille de Hadj Metwelli incarnent ce nouvel art de vivre islamiste. Ce feuilleton tend à accréditer l’alliance de l’argent (le commerce) et de la polygamie comme archétype d’une vie terrestre bien remplie.
En revanche, toute œuvre cinématographique au contenu critique est soumise aux attaques virulentes des gardiens autoproclamés de la morale islamique. Le réalisateur Khaled Youssef que les Algériens ont découvert la semaine dernière est la dernière de leurs cibles pour son film Widja. Auparavant, nous dit Mohamed Abderrahmane du magazine Elaph, un court métrage l’Ascenseur avait essuyé les feux de la critique islamiste. Il montrait une jeune fille en hidjab bloquée dans un ascenseur et retirant sa coiffe pour parler, sur son portable, à un inconnu qui avait formé son numéro par erreur.
Une fois l’ascenseur débloqué et arrivé au rez-de-chaussée, la jeune fille met fin à la conversation et remet son hidjab. Pour les censeurs, toute personne portant le hidjab incarne la pureté originelle. Toute scène montrant une femme ôtant son hidjab ne peut donc qu’être inspirée par le diable.
“Aujourd’hui, souligne Ossam Zakaria, critique de cinéma, le hidjab harcèle la création en Egypte. En fait, vous pouvez montrer une femme en train de mettre un hidjab pour voler ou tuer mais pas pour aller voir un homme. Ce qui est en cause, c’est le statut de la femme dans la société.” “Il est vrai, ajoute-t-il, que les théologiens d’Al-Azhar ne sont pas aussi extrémistes que le mouvement Takfir oual Hidjra, que les Frères musulmans, ce n’est pas Al-Qaïda mais ils partagent tous la même conviction : l’art ne doit être qu’un travail d’orientation dont les femmes doivent être exclues.
Les femmes sont l’ennemi principal dans le discours religieux. Certes, il y a des degrés dans le rigorisme mais ce sont les mêmes idées qui apparaissent lorsqu’il s’agit de cinéma. On peut remarquer que toutes les formes d’opposition visent la femme, considérée comme le démon suprême par les extrémistes