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Commentaire de Philippe Vassé

sur Le Mur, la guerre sans fin et l'Etat ghetto : une impasse historique ?


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Philippe Vassé Philippe Vassé 12 août 2007 18:14

Bonsoir,

Les derniers posts résument bien les difficultés à dégager une issue à une situation conflictuelle en impasse totale.

Chaque fois que la problématique de la paix est posée clairement, la réflexion est, pour certains, paralysée par des concepts dépassés qui, malheureusement, ont conduit à l’impasse que les intéressés constatent eux-mêmes.

Bien évidemment, ce n’est pas en fuyant les problèmes qu’on les résout. Mais, ce qui est intéressant est que le débat s’engage, et surtout que soient levés les automatismes de pensée stérilisants du passé.

La comparaison établie par Bar Kohba -un pseudonyme qui renvoie aux révoltes juives contre l’occupant romain, avec la situation existant entre Taiwan et la Chine est sans valeur ici, mais souligne seulement les automatismes de pensée vides de sens : la marche vers la démocratie en Chine ouvre déjà et ouvrira encore plus dans le futur la voie aux règlements politiques pacifiques des questions de Taiwan et du Tibet, entre autres.

La vie politique des peuples n’est pas fixée par une culture donnée, ni par le seul passé historique, mais par des processus dynamiques vivants et concrets.

Au Proche-Orient aussi, un processus politique vivant ne peut s’enfermer dans des considérations générales dénuées de toute réalité sur le terrain. La laïcité par exemple existe dans plusieurs Etats arabes (Tunisie, Syrie, Irak d’avant la guerre de 2003), en Asie où elle est ultra- majoritaire et dans plusieurs Etats européens. Ce n’est donc pas un concept « occidental », mais une forme de vie en société moderne, pacifique et porteuse de progrès.

Ce qui est dommageable pour l’heure est que la seule solution viable et réaliste soit repoussée par certains alors que ceux-la mêmes qui la rejettent au nom de leurs conceptions propres ne peuvent eux-mêmes établir l’ombre d’un processus de règlement durable, juste, pragmatique du conflit, avec des propositions claires et valides.

Tout le débat entre automatisme de pensée et dynamisme des faits pour la paix est ici visible.

Vouloir la paix sans apporter les propositions de solutions au conflit revient à s’enfoncer dans l’impasse, mais avec de bons sentiments apparents, bien qu’hypocrites dans ce cas.

Le plus regrettable est de constater que la paix nécessaire et demandée par TOUTES LES PARTIES est ainsi mise par certains au seul profit des Palestiniens alors que la paix par l’union des deux composantes essentielles de la population de l’ENSEMBLE des terres concernées est le BIEN NECESSAIRE DE TOUS.

Je conçois que nombre d’habitants juifs d’Israel soient réticents- il en est de même chez de nombreux Palestiniens- à une telle conception de la paix pour eux et les Palestiniens. Cela remet en cause nombre de concepts et de dogmes considérés comme indiscutables.Cela induit des remises en cause profondes des attitudes et des modes de pensées.

Mais, on ne fait pas la paix après plus de 60 ans de guerres incessantes sans remettre en cause quelques données considérées comme éternelles, mais qui n’ont rien de tel.

Si on veut par ailleurs pousser le raisonnement absurde actuel jusqu’au bout, on obtient cela :
- soit la pérennité du conflit avec son aggravation jusqu’à un seuil d’épuisement total des deux parties (économique, militaire, social, politique),
- soit un règlement amiable progressif pacificateur qui ne peut que déboucher, eu égard au contexte des zones géographiques imbriquées, que sur un Etat commun avec une capitale commune.

Le meilleur exemple du réalisme de la solution d’un seul Etat est Jérusalem : toute division de cette ville serait ouvrir la porte à des conflits nouveaux alors qu’en faire la capitale unifiée d’un Etat commun serait un pas énorme vers la paix. Cela saute aud yeux de tout individu pensant.

Cette ville est le symbole même de l’aberration du concept de deux Etats voisins dont nul ne voit comment ils seraient mutuellement viables dans de telles conditions de divisions et de morcellement territorial que la division de la cité marquerait fortement.

La solution d’une capitale, Jérusalem, d’un Etat souverain commun est pour cette ville le seule viable et pérenne, eu égard à l’imbrication des quartiers et des sites religieux explosifs politiquement.

Ceci dit, si des personnes estiment que la guerre permanente, éternelle, avec son cortège de morts et de deuils, de destructions et de privations, au nom de dogmes invalides et stériles, est une issue meilleure que la paix par l’intelligence et le dialogue, cela est aussi un droit.

A titre personnel, je souhaite une paix pérenne car juste, féconde pour les deux peuples, une véritable entente fraternelle entre les deux composantes essentielles des populations du pays, avec une capitale commune à toutes les parties car symbole fort de cette paix par l’unité retrouvée.

Puisse ce débat contribuer à cet objectif.

Bien cordialement vôtre,


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