Les trois banques centrales qui ont injecté des montants colossaux d’argent dans le marché n’ont fait qu’avancer cet argent sur une durée extrêmement courtes, quelques jours ou quelques semaines. Cet argent ne va certainement pas alléger le poids réel des stocks de crédits hypothécaires défaillants. Elle n’a que mis de l’huile très ponctuellement alors que les lourds rouages du marché monétaire se grippaient brutalement.
Ces mêmes banques centrales ont été claires sur un point : les pertes devront être portées par les investisseurs. Quitte à ce que de nouvelles faillites aient lieu. Les grands acteurs devront se montrer solidaires pour circonscrire les feux (exemple : LTCM) Ce qui est tout à fait légitime. Un investissement est un risque, ce qui légitime la rémunération de ce placement. Seuls les investisseurs doivent payer leurs erreurs.
Certes à l’autre bout de la chaine, les emprunteurs qui ne rembourseront pas leur crédit seront expulsés pour que le bien immobilier qui appartient toujours au prêteur (principe du crédit hypothécaire) soit mis en vente pour que celui-ci récupère tout ou partie de sa mise. Le surendettement n’est pas proprement américain, même si le taux de fraudes et d’abus constaté semble être plus élevé (ce qui pourrait se retourner contre les établissements prêteurs vraiment trop légers dans l’octroi de leurs crédits :les avocats sont sur le coup).
Mais après tout, si on y pense : ne devrions-nous pas être favorables au mécanisme qui a permis à quantité de ménages en situation économique d’emprunter pour acheter leur maison ? Autrement, ils auraient dû continuer à louer leur logement sans pouvoir se constituer un capital. Si 14 ou 15 % d’entre eux ne vont pas jusqu’au bout, cela laisse tout de même 85 ou 86 % d’emprunteurs heureux qui se constituent un vrai capital pour l’avenir.
En tout cas, je ne pense pas que le mécanisme des subprime disparaîtra, pas plus que les « junk bonds » (qui reposent sur un principe proche) hier une fois la grosse purge passée. Les investisseurs s’assureront que les établissements de crédits seront bien plus rigoureux et vigilants.
Bref, une leçon de plus qui confirme que les marchés, bien imparfaits, avancent et innovent par tâtonnement, avec des succès mais aussi des échecs cuisants. La mondialisation capitaliste a su montrer qu’elle savait bien surmonter ce type de crises. Cette nouvelle étape ne devrait pas échapper à la règle.