@ Antenor
Je n’ai pas visité toutes les églises romanes de la région mais celle-ci, oui.
Voilà ce que j’ai écrit à son sujet dans un de mes ouvrages:nous invitons le touriste à visiter l’église de Châtel-Montagne dans le Bourbonnais (castrum in montanis), aux confins de l’Auvergne et de la Bourgogne, dans un pagus qui a reçu à la fois l’influence de Gergovie et celle de Bibracte. Ce monument se trouve à un sommet de l’expressionnisme architectural de l’époque archaïque.
En raison de la dureté du granit, le sculpteur a peiné pour arriver à représenter dans le style primitif un étonnant symbolisme où l’homme occupe la place principale.
Non ! il n’y a ici ni figures de saltimbanques, ni scène drolatique. On ne trouve dans ce lieu sacré que l’évocation de la mort et du ciel. Cet homme, en se retournant acrobatiquement les jambes, témoigne comme à Vézelay de son espoir de renaissance dans l’œuf. De sa main droite, il fait le signe de reconnaissance du Dieu en deux personnes et de la gauche, il marque son refus du péché et l’acceptation de la souffrance. Un autre, l’olifant à la bouche, sonne l’heure du grand jour attendu ; il sonne le rassemblement de tous les enfants de Dieu. Les animaux célestes, lions, aigles et éléphants, apparaissent sur d’autres chapiteaux dans le flou de la sculpture comme dans le flou du ciel. Et pour terminer, voici l’humble âne senon, symbole de l’âme, tiraillé entre les tendances bonnes et mauvaises de l’homme.
Nous ne décrirons pas l’architecture intérieure de cette mystérieuse construction ; c’est un tout ; on ne l’explique pas, on la sent. Il faut monter au fond de l’église, dans la tribune qui s’ouvre sur la nef, dans le ciel de Dieu : voici la maison du Seigneur !