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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Josiane Balasko, angélique marquise des sans-papiers


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 7 septembre 2006 11:36

Je serais à la rigueur presque d’accord avec vous, si vous disposiez de moyens humainement acceptables pour traiter la question, sans faire violence à des femmes et des enfants ; violence dont le spectacle est insupportable à tout citoyen convaincu de la prééminence des droits de l’homme ; c’est tellement vrai que l’opinion et les médias qui suivent l’opinion plus qu’ils ne la créent, dès lors qu’elle est confrontée directement au problème des explusions, prend toujours parti pour les expulsés (ex : parents d’élèves et voisins). C’est la loi à géométrie toujours très variable (en particulier sur la question du regroupement familial) qui crée les prétendus clandestins que je préfère appeler des sans-papiers puiqu’on les leur refuse alors qu’ils ne sont en rien ni des criminels, ni des parasites, sinon forcés, et qu’ils ne cherchent qu’à travailler pour survivre dans notre pays ; ce qui est souvent impossible dans leur pays d’origine. Du reste vous vous gardez rien de répondre à ma question : que feriez-vous dans leur situation ? Si vous êtes assuré de répondre non à cette question alors je peux comprendre votre argumentation (sans être nécessairement d’accord avec ses conclusions) ; mais le pouvez-vous ?, si c’est non, vos propos ne valent que pour vous dans « votre » situation et n’ont pas de portée générale possible, ce qui est une condition requise de tout argument rationnel.

Enfin dites moi un peu quels moyens de dissuation efficaces vous pouvez avoir vis-à-vis de personnes qui sont prètes à mourir pour émigrer afin de survivre, sinon les tuer ?

Les expulser gentiment ? Mais ils feront tout pour revenir, vous le savez.

Les payer ? Mais alors vous créez encore plus , comme on dit, un appel d’air chez ceux qui hésitent encore à émigrer a etc..

Sans reconsidérer l’aide aux pays africains pour la rendre conforme aux conditions de survie et de progrès pour les populations et revoir nos pratiques de corruptions généralisée vis-à-vis des gouvernements corrompus, vous n’y pourrez rien, sinon hurler dans le désert et appeler indirectement à une forme de violence qui, de plus, serait, soit totalement inefficace, soit anti-démocratique : nos démocraties ne peuvent pas tout se permettre, sans disparaître et c’est heureux.

Petite remarque sur votre légalisme et sur ma mission d’enseignant de philosophie qui ne se confond pas avec celle de gardien du temple juridique : j’ai toujours appris à mes élèves qu’une loi était légitime lorsqu’elle respectait les droits de l’homme et la démocratie ; ce dernier point suppose que l’on n’impose par une loi à des gens que la loi, très variable sur ce point, déclare clandestins alors qu’ils vivent et travaillent et font des enfants depuis des années en France, sans qu’ils aient voix au chapitre. Le droit de citoyenneté, fondement de la légitimité universelle d’une loi démocratique, selon moi, concerne tous ceux qui vivent dans un pays et qui donc doivent prendre part à la décision qui les engage ; je suis donc contre la préférence nationale dans le domaine politique et social et du reste dans ce dernier la préférence est interdite dans notre constituion ainsi que dans le domaine de la santé et celui de l’école pour les mineurs, comme vous le savez (ce qui pose bien des problèmes à Monsieur Sarkosy) ; je vote en Allemagne pour les élections locales (qui en ce qui concerne la politique d’intégration dans ce pays fédéral sont très importantes) en tant que résidant dans ce pays bien qu’ayant la nationalité française et non pas allemande. Du reste même notre ministre de l’intérieur propose le vote des immigrés dans les élections locales en France au même titre que celui des résidents européens.

C’est dire que la question de la citoyenneté et de légitimité des lois se pose à tous, tous partis confondus !

Je considère que la proposition de Monsieur Sarkosy (le droit de vote dissocié de la nationalité) va dans le sens de la légitimité démocratique et je m’en réjouis.


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