@ Antenor
Vous dites : Au sujet des effectifs présents à Gergovie, il y a quelque chose de très bizarre. César a 6 légions soit au maximum 30 000 combattants et prétend assiéger au moins 80 000 Gaulois.
Ce que je pense : César ne dit rien au sujet des effectifs gaulois qui défendaient Gergovie. Pendant la bataille d’Avaricum, Vercingétorix n’est pas intervenu pour attaquer les arrières de César, probablement en raison de ses effectifs limités, se contentant de faire de la guérilla. En outre, il va perdre 10 000 hommes qu’il a envoyés en renfort aux Bituriges (DBG VII, 21). Mais, après le massacre des habitants d’Avaricum par les légionnaires, il apparaît que le reste de la noblesse arverne a rallié sa cause puisqu’il rentre sans problème au pays pour préparer la défense de la ville. En outre, la noblesse des cités vassales ou amies est venue en renfort (DBG VII, 7) et même beaucoup plus, quelque chose qui ressemble déjà à une coalition où manque encore, seulement, le pays éduen.
Si César ne laisse que deux légions aux camps, c’est parce qu’il prend des risques en pensant agir vite. Si, pendant son absence, les Gaulois ont failli s’emparer de ses camps, c’est parce que les 10 000 fantassins de Litavic avaient probablement déjà rejoint les troupes de Vercingétorix. Abusé par une série de faux ou de mauvais renseignements, je pense que César a commis une très grave erreur d’appréciation qu’il essaie de dissimuler dans son écrit.
S’il intervient avec quatre légions, environ 20 000 légionnaires, pour intercepter seulement 10 000 éduens, c’est parce que, en bon général, il ne veut pas prendre le risque d’un combat long.
Quant aux effectifs de 80 000 Gaulois, ce sont les effectifs qui, après la bataille de Gergovie se sont retranchés à Alésia. Mais, entre la bataille de Gergovie et le retranchement dans Alésia, Vercingétorix a fait un crochet à Bibracte et tout le restant de la noblesse éduenne et leurs vassaux ont rejoint le mouvement à Alésia, base de départ avant la bataille de cavalerie... et base de repli.
80 000 hommes, c’est le chiffre que César met dans la bouche de Vercingétorix et de Critognatos. On se doute que César ne critiquait guère ses sources quand cela le mettait en valeur, ce que semble confirmer Asinius Pollion. Celui-ci prétend que les Commentaires ont été composés avec trop peu de soins et trop peu de respect pour la vérité, parce que, le plus souvent, César a pris pour argent comptant ce qui lui était rapporté par les autres. Quant à ses actions, soit à dessein, soit par défaut de mémoire, il les rapporte d’une façon inexacte.