à Mutonizer,
Je me permets de recopier un commentaire que j’avais fait sur un autre blog il y a quelque temps... Non pas que ce commentaire soit un exemple de perfection intellectuelle, mais il a le mérite de vous expliquer pour quelles raisons, à mon sens, on peut (doit ?) être contre la multiplication des caméras de surveillance et la généralisation du fichage ADN, sans pour autant avoir l’intention d’être un délinquant dans un futur proche...
La discussion originale est ici.
La lecture de tout ce fil de commentaire me semble éclairante. Je n’en mets ci-dessous qu’un extrait.
"Ta position sur ce sujet découle uniquement du fait que tu n’imagines pas une seule seconde que la France puisse connaître un régime dictatorial ou autoritaire un jour.
Or, vues les incertitudes certaines sur le futur de notre planète, et les bouleversements géopolitiques que risquent de créer le pic de pétrole, la raréfaction de l’eau potable, etc, qui peut assurer que le monde occidental sera aussi stable dans 20 ans que maintenant ?
Dès lors, est-il raisonnable de laisser mettre en place tout un arsenal de moyens permettant un suivi toujours accru des individus ?
L’argument du « je ne vois pas en quoi les caméras de surveillance sont un problème puisque je n’ai rien à me reprocher », ou « je ne vois pas pourquoi on ne généralise pas le fichage génétique, puisque cela permettrait de confondre des auteurs de viol », est un argument qui a la vue courte, d’après moi. Tant qu’on est dans un régime bienveillant et relativement démocratique, il n’y a aucun problème, certes, mais...
Surtout, c’est un argument qui permet d’aller toujours plus loin, petit à petit. « Je ne vois pas pourquoi j’empêcherais des flics d’entrer chez moi pour fouiller quand ils veulent, même en mon absence, puisque je n’ai rien à me reprocher »... « Je ne vois pas pourquoi j’empêcherais le gouvernement de placer des électrodes dans mon cerveau pour savoir ce que je pense, puisque je ne pense rien de subversif »... A partir de quel niveau le fichage ou le contrôle des individus n’est-il plus acceptable ? On ne va pas se retrouver du jour au lendemain dans 1984, mais on peut y arriver pas à pas sans qu’on ne trouve rien à redire à cela. Ce n’est rien d’autre que la « parabole de la grenouille », celle que l’on jette dans la marmite déjà bouillante, et qui saute pour en sortir, ou que l’on met à bouillir progressivement, et qui y reste. D’où la nécessité de dire non maintenant pour éviter les dérives."