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Commentaire de cza93

sur « Google News : prime à l'original », mais où est l'information ?


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cza93 cza93 5 septembre 2007 16:52

« Pour les internautes eux-mêmes, c’est leur faire croire que « leur » avis compte selon le précepte indéniable du « au moins on l’aura dit ». »

Je ferais volontiers un parallèle avec les réunions thématiques dites de « démocratie participative » initiés par Ségolène Royal lors de sa campagne présidentielle.

A la fois, celà permet de rapprocher le citoyen de l’information, de l’impliquer, de créer ou recréer du sens en créant un relationnel, une interractivité qui n’existe pas avec la TV ou la radio ; mais finalement, pour avoir participé à quelques unes de ces réunions, on s’aperçoit que l’on dépasse rarement le niveau des brèves de comptoir dans le sens où les gens viennent seulement donner leur avis, que l’avis des autres les concerne assez peu, qu’une fois sortis de la réunion, ils ne retirent pas grand chose de ce qui a été dit. C’est le règne du « moi je ».

L’autre point qui me pose souci dans ces méthodes de démocratie participative, c’est que parmi les participants, certains peuvent avoir l’impression que leur avis va être pris en compte, influencer une prise de position politique par exemple ... D’ailleurs S.ROYAL ne s’est pas privée de déclarer que les contributions récoltées lors de ces réunions permettraient d’enrichir son programme ... Techniquement, cela aurait supposé un staff énorme pour récolter, éplucher, travailler des témoignages bruts ... Le danger, c’est celui de la déception des participants qui auront la sensation d’avoir été trompés : alors que le but initial de l’opération était de réconcilier les citoyens et la politique, de les rapprocher de la politique, au final ils conclueront que l’on s’est servi d’eux, que rien ne changera jamais, etc., et il sera ensuite difficile de les re-mobiliser autour d’un projet commun.

La politique compassionnelle de Sarkozy, ce n’est ni plus ni moins que la continuité de ce phénomène de médiatisation intense, personnalisation et accaparement de l’info. Faire du sensationnel, donner à tout prix l’impression que l’on compatit, que l’on comprend que l’on s’intéresse.

C’est le coté pervers de l’information en tous sens facilitée par la diffusion rapide et peu couteuse via internet. C’est aussi le contrecoup d’une société qui se veut individualiste mais qui souffre de solitude et a besoin de se créer du lien, des contacts, de se sentir utile. Ca ressemble à une immense psychothérapie de groupe, non ?

Finalement l’information y perd dans le sens où cette interconnectivité devrait d’abord permettre un enrichissement de ladite information, la publication d’avis différents qui ne sont pas les avis dominants. C’est l’aspect que j’ai trouvé frustrant dans ces tentatives de démocratie participatives : elles fonctionnenent comme un défouloir, un cahier de doléances, mais pas grand chose de constructif n’en ressort contrairement aux initiatives d’universités populaires, par exemple. Reste que ces universités populaires, qui permettent d’apprendre, de s’ouvrir, nécessitent une assiduité qui les rend moins attractives puisqu’il s’y soustend une notion d’effort, effort d’écouter, effort de comprendre, effort d’apprendre ; et donc le public y est relativement clairsemé ... Dommage.

Mais nous ne sommes qu’au début de ces modes de diffusion d’info en tous sens ; les mentalités vont murir, l’intérêt va diminuer pour ces news AFP qu’il faut absolument avoir été le premier à lire et à commenter, et le système se modérera au fur et à mesure qu’il deviendra plus mature ...


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