@ wrisya
Votre interrogation « La religion a-t-elle véritablement une dimension castratrice dans la population marocaine et surtout auprès des jeunes ? » est pertinente. Elle m’amène deux réflexions :
- la première concerne une frange d’une jeunesse frustrée qui est de plus en plus tentée par un retour aux valeurs ancestrales, car ices jeunes (garçons et filles confondus) savent (de part leurs conditions difficiles d’existence) qu’ils ne goûteront pas de sitôt au style de vie plus « développé » que connaît l’Occident depuis des siècles. Je mets volontairement des guillements au terme développé car ouvrir le débat sur un tel sujet nous amènerait trop loin.
A noter que ce ne sont pas seulement les jeunes délaissés qui se tournent vers ces différents formes d’islam intégriste, mais une bonne part de la bourgeoisie soucieuse de conserver ses privilèges. Je pense du reste que c’est elle qui entrave le plus un réel décollage du pays. (C’est aexactement ce qui s’est passé dans l’Iran de l’avant Khomeïny...)
- la seconde rejoint la conversation que nous avons eu sur un autre fil et qui concerne l’attitude de bon nombre de musulmans mâles (les femmes n’ont pas droit au même traitement) par rapport à leur façon d’aborder la vie : c’est à dire la possibilité qu’ils ont de pouvoir jouir d’une certaine liberté (voire d’une liberté certaine) durant une bonne partie de leur jeunesse et des premières années de leur maturité, mais avec une « remise à niveau » aux normes ancestrales quand la date limite de consommation est dépassée...
Alors oui, dans ces deux cas, la religion semble être en cause car elle maintient un système de traditions ancestrales auxquelles, tôt ou tard, il convient de se plier au risque de se voir exclu de la communauté en cas de refus. Un célibataire de 50 ans, a peu de chance de « survivre » dans un village ou une petite ville. j’ai pris un jour en stop en Algérie un jeune professeur de 30 ans qui s’est mis à pleurer dans ma voiture parce que sa famille allait le marier de force qu’il n’en avait aucune envie car il passait son temps à lire et il savait qu’il ne pourrait plus goûter à son plaisir (et peut-être aussi à d’autres).
Une femme sans enfants se voit dotée (avec ou sans son consentement) des enfants d’une soeur, d’une belle soeur , d’une tante ou d’une cousine pour rentrer dans ces fameuses « normes » familiales et claniques... Là aussi, les exemples seraient trop nombreux, tous à mettre en parallèle avec des recommandations édictées par la religion et passées au fil du temps dans le « domaine public » de la tradition.
Je ne connais pas la situation au Sénégal, mais au Maroc, les mouvements islamistes tentent de faire interdire tous les festivals dasous prétexrte qu’ils diffusent une culture contraire à celle qui est enseignée dans l’islam et qu’ils promeuvent la débauche. Le gouvernement et la société civile résistent tant qu’ils le peuvent, mais jusqu’à quand le pourront-ils... On aura unepremière réponse en 2007.
Bien à vous. Patrick Adam