Merci pour cette réponse très précise.
Vous dîtes « Alors oui, dans ces deux cas, la religion semble être en cause car elle maintient un système de traditions ancestrales auxquelles, tôt ou tard, il convient de se plier au risque de se voir exclu de la communauté en cas de refus. » Je crois justement que la différence avec le Sénégal par exemple, c’est que l’islam n’est pas du tout vécu de la même façon : j’veux dire vraiment pas. Au Sénégal, la pratique de l’islam est vraiment « light » comparé à d’autres pays du Maghreb : les religieux sont très minoritaires, et peu écoutés vraiment par les jeunes. Par exemple, vous verrez très peu de femmes voilées au Sénégal, beaucoup de gens ne pratiquent que peu leur religion (qui sert surtout souvent à se réclamer d’une identité) les gens vont pratiquer le pilier du Ramadan en masse, mais c’est tout. De plus, au Sénégal il existe aussi beaucoup de confréries, les plus connues sont les Mourides et la Tidianiya, et les gens adhèrent souvent bien plus à ces « courants » religieux donc ils ont chacun leur perception sur la femme et l’homme, leurs rapports.
Par exemple, vous verrez chez certains Mourides les femmes participer à des séances de dhikr avec les hommes, ce qui ne se fait pas du tout dans les autres confréries en général. Au Sénégal, les filles sont très coquettes et s’il est vrai que le poids des traditions amènent certainement les familles et parents à considérer qu’elles doivent absolument rester chastes à vie et ne pas trop se montrer, beaucoup ferment les yeux sur la réalité : les nanas n’ont vraiment pas froid aux yeux. Je crois justement que ce qui est intéressant, c’est le fait que les gens confondent tradition/religion : Au Sénégal, les gens continuent d’avoir des pratiques issu de leur tradition animiste notamment, qui sont parfois justement même contradictoires avec l’esprit de l’islam mais ils agissent tel car pour eux, il ne saurait y avoir de division entre les deux. La tradition prend d’ailleurs très souvent le pas sur l’islam : Au Sénégal, les femmes savent être parfois très indépendantes et les jeunes filles s’amusent comme les hommes,, mais c’est bien entendu « en cachette » pour certaines parfois même pas d’ailleurs. Il existe aussi une dimension traditionnelle très ancrée -et très hypocrite- qui agit fortement sur le comportement de la société. Dans ce cas, la dimension religieuse est vraiment très succinte... Elle n’apparaît surtout que comme un prétexte à faire la moral au sein même de la société.
Cdt