À Docdory :
Distinguons le jugement moral que l’on porte sur une action (est-ce une bonne ou une mauvaise action ?) et la réponse éventuelle (sanction ou récompense) qu’il convient d’avoir vis-à-vis de son auteur.
Tuer quelqu’un a généralement pour conséquence une réduction globale de bonheur, c’est donc une action mauvaise moralement, une action qu’il vaudrait mieux éviter. Pour juger que cette action est mauvaise, je n’ai pas besoin de connaître l’auteur, ses intentions, de savoir s’il est responsable ou fou.
D’un autre coté, la société a la possibilité de réagir à ce meurtre de diverses manières (ne rien faire, dix ans de prison, peine de mort, bagne... ). Comment choisir ? Ce choix social doit lui aussi être fait en fonction de critères éthiques. Du point de vue utilitariste, la société doit choisir la réaction qui a les meilleures conséquences en termes de bonheur global.
Quelles sont les conséquences, par exemple, d’une peine de dix ans de prison ? Positivement : dix ans pendant lesquels le meurtrier ne récidivera pas, mais surtout un effet de dissuasion sur tous les meurtriers potentiels capables de comprendre la sanction qui les attend. Négativement : dix ans pas très heureux pour le prisonnier. Incertain : effet psychologique de la prison sur le prisonnier après sa sortie. C’est le bilan de tous ces effets qu’il faut estimer, pour chacune des peines possibles, pour pouvoir choisir la meilleure peine.
Et là, pour estimer l’effet psychologique sur le prisonnier ou pour estimer l’effet de dissuasion sur les autres meurtriers potentiels, il est important de prendre en compte le caractère intentionnel de l’acte, la responsabilité ou l’irresponsabilité du prisonnier. La peine qui a globalement les meilleures conséquences n’est pas la même dans chacun de ces cas. Le caractère intentionnel du meurtre est donc pris en compte par une justice utilitariste. Simplement, il est pris en compte pour trouver le peine qui aura les meilleures conséquences globalement pour la société (prisonnier inclus), et non pas pour répondre à un sentiment de vengeance.
On résoud beaucoup de problèmes apparents de l’utilitarisme en faisant bien attention à tenir compte de toutes les conséquences de chaque action.