Quelques précisions par rapport au modèle élémentaire dont j’ai discuté pour essayer de trouver une borne inférieur à la durée de chute. Je viens de découvrir l’article suivant du professeur Kuttler qui prend le même modèle que le mien et le raffine ensuite. Il appelle ce modèle « the floating floor model » (le modèle des planchers volants, c’est à dire qu’il ne considère que la résistance des planchers des étages et pas celle de la structure en acier) avec deux versions, la version « hard top » et la version « soft top ».
C’est la version « soft top » qui correspond à mon modèle. Dans la version « hard top », la partie au dessus du point de rupture reste intact et chute d’un bloc. Dans la version « soft top », cette partie s’écrase petit à petit sur les étages inférieurs.
Mais Kuttler ne se contente pas du modèle élémentaire. Il y intègre de plus en plus de paramètres comme la pulvérisation du béton (qui fait perdre de la masse à la partie en mouvement) puis l’énergie nécessaire à cette pulvérisation, etc.
Il obtient plusieurs estimations du temps de chute suivant les éléments qu’il rajoute au fur et à mesure :
Je rappelle le temps de chute pour WTC1 que j’obtiens dans mon modèle avec une épaisseur de chape de 10cm (4 pouces), qui est apparemment la valeur exacte. Pour WTC1, en négligeant tout sauf l’inertie des étages, on obtient un temps total d’effondrement de 10,26s (modèle « soft top »)
1/ en intégrant la perte de masse due à la pulvérisation du béton, mais sans prendre en compte l’énergie nécessaire à cette pulvérisation, il obtient un temps total d’effondrement de 14,85s.
2/ en prenant en compte l’énergie nécessaire à la pulvérisation en particules de 400 microns, le temps total passe à 20,2s.
3/ en prenant en compte l’énergie nécessaire à la pulvérisation en particules de 100 microns, le temps total passe à 40,28s.
4/ en intégrant un modèle de taille de particules variables, de plus en plus fines à mesure que l’énergie cinétique grandit, le temps total est de 21.8s pour une taille moyenne de particules de 360 microns.
5/ même modèle avec une taille moyenne de 90 microns, temps total de 28.97s.
Il y a encore d’autres modèles dans le papier qui intègrent la masse de la structure d’acier tout en négligeant sa résistance.
On voit donc suivant ces modèles que le temps de chute réel de la tour WTC1 est très largement en dessous de résultats obtenus par ces modèles. Or ces modèles n’intègrent même pas tous les paramètres susceptibles de ralentir encore la chute, voir de la rendre impossible par manque d’énergie.
D’après ces résultats, la durée du chute réelle observée est tout à fait incohérente avec un effondrement uniquement gravitationnel.
Cette conclusion avait déjà été obtenue par Jim Hoffman à l’aide d’un simple bilan énergétique intégrant la pulvérisation du béton, qui est très gourmande en énergie.