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Commentaire de wrisya

sur Webgéographie du Maghreb : obsédés sexuels ou pirates ?


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wrisya (---.---.1.82) 8 septembre 2006 18:37

« En réponse à votre post et à celui de Marsu, il me paraît évident qu’aucune religion ne peut parler sereinement de sexualité. A partir du moment où elle multiplie les interdits, ou même qu’elle donne des canaux d’expression prédéterminés, elle ne peut qu’engendrer des frustrations. »

Je comprends en effet. Effectivement, mais il s’agit pour le croyant-musulman de « sacrifier » une certaine dimension matérialiste et de se détacher progressivement de l’amour des choses et des gens en tant que tel pour les aimer par Dieu : le but pour le musulman est de faire en sorte que chacune de ses principales actions soient guidées par sa volonté de se rapprocher d’Allah. Bien entendu, ce n’est pas éternel car nous sommes faillibles, donc en fait dans l’absolu, il s’agit surtout de comprendre qui si le muslim fait un acte de mécréance, il peut, à tout instant de chaque moment de sa vie, revenir à Dieu par ce repentir. Effectivement, je comprends que ça soit difficile à accepter pour un non croyant qui ne reconnaît aucune légitimité à une suprématie divine et nie son existence. Mais pour un muslim, le regard est autre : bien entendu qu’il peut y avoir des frustrations de prime abord sur cette dimension, aussi bien plus généralement sur l’alcool, sortir en boîte... Effectivement, mais cette frustration n’est pas tant à mon sens due aux prescriptions religieuses qu’à la dimension très libertaire d’une société qui assène à longueur de journée qu’il faut prendre du plaisir partout où il se trouve et de la manière dont on veut sans jamais rendre de compte ni à soi ni aux autres. En fait, le fait que les sociétés modernes prônent cette libération sexuelle, des moeurs avec le « Just do It » ou bien « I am what I am »... Tous ces slogans publicitaires visant à dire : Fais ce que tu veux, personne ne te juge, promouvoir justement cette liberté totale quasi anarchique : c’est l’idéologie de l’égo humain qui prépondère dans partout dans le monde... A mon sens, c’est un leurre justement car celui qui n’agit pas comme tel se retrouve un marginal au sein de la société par son refus de consommer n’importe quoi n’importe comment. En fait, justement le muslim ne s’envisage par rapport à lui-même que dans un rapport à Dieu : Il est le Seul à pouvoir le juger et c’est à lui qu’il doit rendre des comptes et non pas à la société qui lui dicte ce qu’il doit aimer et comment il doit l’aimer. Vous avez raison lorsque vous parlez de frustations, mais être muslim c’est justement un apprentissage de se dégager de ces frustrations qui peuvent devenir insupportables quand on vit dans un lieu où tout est ouvert, autorisé, offert et qui finalement amène certains croyants justement à ne plus comprendre le message divin et à le rejeter, le mettre de côté, pour finalement parfois complètement l’abandonner ; ... Si l’on prend l’exemple de Siddharta, lui qui vivait dans le luxe et l’opulence, a choisit, en quittant son royaume d’être d’abord un brahmane « extrême » avant de se rendre compte que pour arriver au meilleur de lui-même il fallait certes se détacher des « attaches » de ce monde « apparent » pour justement arriver à se connaître lui même mais pas dans l’excès, dans la mesure : à connaître son Soi, son Lui, son identité intrinsèque en somme. Le muslim qui croît en toute sincérité et par un acte volontaire plénier ne voit plus les actes obligatoires comme une obligation et ne voit plus les interdits comme des interdits : tout cela n’apparaît finalement que comme moyen d’advenir à Dieu. Ce muslim qui arrive à penser de cette manière n’est plus angoissé à l’idée de commetre un quelconque pêché car il sait qu’il est libre : libre de le faire ou de ne pas le faire, mais toujours en Dieu.

« Pour moi, la sexualité est un voyage, une découverte. Ce n’est pas un instinct qu’il convient de canaliser. C’est un moyen d’expression qu’il faut développer comme un don pour le dessin, la peinture, la cuisine, ou l’usage des mots... Etre meilleur est un bien noble but dans la vie. Mais comment y parvenir. En se pliant à des régles établis par d’autres et à des époques historiques bien définies, ou bien en se forgeant soi-même une personnalité conditionnée selon ses propres règles pour faire le bien tel qu’on apprend chaque jour un peu plus à le ressentir. »

Votre point de vue est intéressant et je le rejoins assez. Effectivement, il faut arriver à se déconditionner de tout pour arriver à se connaître Soi. En tant que muslim, l’islam est ma voie. Et je conçois que le terme « islam » peut recouper bien plus d’acceptions que celle liée automatiquement à la religion. Par exemple, certaines personnes non religieuses ou d’une autre foi auront un comportement tel qu’on pourrait qualifier de foi et pourtant ils récusent ce terme ou affirment qu’il s’agit d’une autre religion. A mon sens, ce déconditionnement est nécessaire biensûr et je crois pour ma part que pour arriver à Se connaître Soi-Même, il faut Le connaître Lui, autrement dit Moi, mais pas « moi »... Je Est un Autre comme dirait Rimbaud...

Cdt. Mes excuses pour la longueur du post.


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