bonjour,
je me permettrais de réagir à deux niveaux en précisant que je suis chargé de recherche à l’INSERM, que j’ai été recruté en 2001 et que je suis responsable d’une équipe. Ma première étudiante en thèse va d’ailleurs soutenir aujourd’hui. Je précise ces points pour reconnaître une part de subjectivité dans mes propos.
Tout d’abord au niveau du recrutement, il est nécessaire de distinguer les organismes de recherche (EPST) et les universités. Les modalités de recrutement ne sont pas du tout équivalentes. Par exemple, intégrer l’INSERM actuellement représente une réelle difficulté puisque seul 10% des candidats obtiendront un poste après un concours national. Une censure existe de plus en amont du dépôt de dossier puisque généralement seuls les dossiers les plus compétitifs seront présentés. De façon plus qu’implicite, il est nécessaire d’avoir fait au moins un stage post-doctoral à l’étranger (voir deux) avant de pouvoir candidater. La sélection est donc sévère et parler d’un recrutement médiocre est à mon avis, plus lié à une méconnaissance des critères actuels de recrutement au sein des EPSTs.
Concernant les universités, c’est par contre beaucoup plus hétérogène et en effet, copinage, mandarinat et passe-droit de tout ordre sont encore malheureusement d’actualité. Le concours étant local, toutes les dérives sont à envisager.
Concernant la façon dont est décrit le travail dans un laboratoire et plus particulièrement en biologie, je suis assez dubitatif.
La façon de faire de la recherche a fortement évolué depuis de nombreuses années et la culture du résultat est rentrée de plein pied dans un monde qui avait probablement tendance à s’autojustifier de l’importance de son travail. C’est peut-être ce basculement de ‘mœurs’ qui peut déplaire. Je ne dis pas que cela est bien ou mal, il s’agit juste d’un constat. Le travail s’organise alors en mission, intégrée dans des projets généralement ambitieux et pluridisciplinaires. Pour un étudiant en thèse, toute la difficulté est de trouver une mission qui soit valorisante intellectuellement tout n’étant pas trop risquée en terme de productions scientifiques pour ne pas hypothéquer son avenir professionnel. Comme cela a été fort justement dit dans une autre post, la chance n’est pas le moindre des acteurs d’une thèse. Au delà de cette organisation de travail inhérente aux budgets mis en jeu et à la complexité des travaux, il existe une problématique de managment et d’interactions des différents acteurs. C’est ma foi comme partout ailleurs et la qualité humaine des personnes sera prépondérante.
En conclusion étudiant en thèse... Ouvriers spécialisés de la recherche... non chercheur en devenir qui se professionnalise dans un contexte de plus en plus compétitif et régi par une logique de production. Que ce soit bien ou mal... c’est un autre débat....