M. Bilger,
Il est vrai que l’opinion publique penche en faveur des avocats, et on trouve de nombreux représentants de cette corporation en politique, aux côtés des médecins et des fonctionnaires. A quand des quotas socioprofessionnels qui donneront quelque semblant de représentativité à la démocratie représentative ?
Mais l’opinion publique est fluctuante et manipulable, et certains magistrats ont connu sa faveur. Je ferai l’économie d’une liste, mais chaque lecteur trouvera facilement quelques noms à avancer.
Les magistrats sont indispensables et leur fonction doit être respectée. Derrière toute décision, il y a toujours un homme, avec ses doutes et faiblesses. Il n’est pas facile de rendre la justice car on n’est jamais juste pour au moins l’une des deux parties. La formation des magistrats à l’ENM (dernier sujet de culture générale : le corps humain) est certainement l’une des plus complètes, enrichissantes et éprouvantes. En tout cas est-elle supérieure à celle des avocats.
On peut cependant regretter que l’indépendance des magistrats soit de moins en moins évidente, en raison de leurs appartenances politiques, religieuses et associatives. On peut également regretter que certains d’entre eux aient été mêlés à certaines affaires, dans le Sud de la France notamment.
Quant à la justice, pour ma part, je ne lui fais plus confiance. Non pas en raison de l’affaire d’Outreau ou d’autres affaires, mais parce que les décisions rendues dépendent grandement du talent des avocats, donc de la fortune des plaignants ou des défendeurs. Quand le recours aux avoués sera complètement gratuit, on pourra effectivement honorer la balance. Mais ce n’est pas l’affaire des magistrats ; c’est celle des politiques. L’égalité n’est malheureusement pas assurée dans ce qui devrait pourtant en être l’un des tous premiers symboles.
Sachez en tout cas que j’apprécie vos interventions, votre implication dans la vie sociale, même si je suis loin de toujours partager vos positions. Vous faites honneur à votre profession.