L’enquête journalistique de Jean-Claude Jaillette, publiée dans L’hebdomadaire Marianne N°542 paru le 08 septembre dernier intitulée ’’La santé maladade du lobby pharmaceutique’’ met a jour des liens tendancieux entre pouvoirs publics, indutries pharmaceutiques et médecins consultants. Voilà une enquête de qualité complémentaire à la synthèse de l’enquête menée par agoravox. C’est du grand journalisme en toute indépendance.
En voici un petit extrait :
’’ Une bonne panique à la grippe aviaire : un pactole’’
’’Pour les laboratoires Roche, l’avenir doré sur tranche du médicament est dans l’occupation de niches. De ce point de vue, la success story de son antiviral Tamiflu, stocké par les Etats à plusieurs centaines de millions d’unités en prévision d’une pandémie de grippe aviaire, est un modèle du genre. « Subissons-nous les effets d’un marketing de la peur utilisé avec doigté par l’industrie pharmaceutique ? », écrivions-nous en octobre 2005. Vérification.
Juin 2005. Le laboratoire Gilead Sciences met Roche en demeure. Il lui a confié le développement du Tamiflu, or les ventes stagnent.
Août 2005. Roche offre 30 millions de doses de Tamiflu à l’OMS (organisation mondiale de la santé). Quelques jours plus tard, l’organisation lance une alerte mondiale. Une pandémie menace, est-il affirmé, le virus animal pourrait muter et se transmettre à l’homme, les Etats doivent stocker des antiviraux pour protéger leur population. Quelques éminents professeurs, par ailleurs consultants occasionnels de Roche, participent à la psychose.
Problème, les vétérinaires estiment qu’il vaudrait mieux aider les Etats à éradiquer les troupeaux malades. Personne ne les entend. Les Etats-Unis et la France commandent de quoi traiter 25% de la population, près d’un milliard et demi de doses ! Le cours boursier Roche s’envole.
Hiver 2006. Des publications font état des piètres résultats de l’antiviral et, surtout d’effets secondaires neuropsychiatriques.
L’évidence apparaît : malgré les contacts de millions d’oiseaux porteurs du virus avec des milliers d’humains, le virus ne mute pas.
« Faiblement mutagène », conclut Bernard Vallat, directeur général de l’OIE (office international des épizooties). Les commandes de Tamiflu stagnent à la moitié des espérances de Roche. Le 27 juin 2007, Libération titre : « Le risque de pandémie couvre ? ». C’est reparti pour un tour. ’’
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