Travaillant depuis de nombreuses années dans la « big gas station » qu’est l’UE à Brussels ( pardon, Bruxelles), je peux abonder aux grandes lignes de l’article, notamment sur le « plus » qui découlerait des enfants pluri-lingues. Les études conduites à l’Ecole Européenne de Bruxelles démontrent qu’aprendre dès le primaire des langues étrangères, et apprendre des matières « neutres » (maths)dans une langue véhiculaire (l’anglais, le plus souvent) ne donne pas de plus " à l’age où il est vraiment utile d e parler des langues (20/25 ans), mais au contraire affaiblit le niveau (orthographe/ vocabulaire) de la langue maternelle, sous-pratiquée, donc non-perfectionnée.
En revanche, pas d’accord sur deux constats :
Evidement que si, les français sont nuls en langues. Il n’est que de voir le moindre routier finlandais parlant un anglais très correct, et nos cadres/ décideurs .. muets, ou désertant les réunions sans interprétation (donc siège « France » vide)
Cela nous coute, du reste, très régulièrement des postes de décideurs dans la fonction publique européenne, ou ce handicap est redhibitoire (tant aux concours d’entrée que pour la promotion interne), affaiblissant encore le poids FR dans le concert des 27 (poids déjà très relatif, et surtout « achevé » par l’adhésion des 10 nouveaux, où les jeunes« élites » ne « dégoizent »pas un mot de français, contrairement à leurs parents.)
Non, le « juridique » ne fait pas exception à la règle de l’anglais dominant. Dans l’UE, ce qui fait que c’est « tout anglais », ou « full size interpretation », c’est le niveau hierarchique de la réunion ou du groupe de travail dans la hierarchie des comités de l’UE, etvpas la matière abordée.( plus le niveau est haut, plus c’est traduit -avec 8 jours de retard pour les textes-, mais nous sommes à un niveau où les amendements substantiels ne sont plus possibles. )
Donc, le vrai « drafting » (mon job) se fait en anglais, et uniquement en anglais.
C’est du reste une aberration, car il y deux domaines où le français (disons le latin/ grec ) domine, c’est la médecine et le droit privé (pénal en particulier).
Anoxie ou hypoxie, c’est « anoxy » et « hypoxy » en anglais.
En droit, il n’y a le plus souvent pas de mot technique en anglais, qui dès lors donne la définition du mot à la place du mot, ce qui fait des textes très longs (alors-méme que l’anglais traine la réputation -injustifiée- d’étre une langue plus concise que le FR).
Exemple : « saisine » se dit « submission of the case to the Court », soit 6 mots au lieu d’un.GB n’a pas de mot alternatif, seuelemnt une prériphrase.
Idem pour le « dol spécial »( droit pénal)/
Ils disent « particular willigness to harm ».
Bref, une Décision-cadre de 20 pages en FR en fait 30 anglais.
De méme, l’UE n’étant que négociation et compromis, il eut été beaucoup plus efficace, vu la richesse des synonymes et nuances en FR, de trouver des wording (pardon , des libellés)alternatifs, qui mettent tout le monde d’accord, et où personne n’a l’impression d’avoir perdu (c’est le but du jeu européen).
Mais non, rien à faire, il faut chercher la nuance en anglais.
C’est idiot, mais la guerre est perdue ( et depuis plus de 10 ans). Et je saurais trop conseiller aux parents responsables de dirriger leurs enfants vers le métier d’interpète officiel (les notres ont des salaires de Ministre, des temps de pause et de travail dignes des aiguilleurs du ciel, et des syndicats plus puissants que la CGT).
Bref, vive les langues...It’s a pitty, but that’s it...