Les classes populaires n’ont de fait quasiment plus acces aux CPGE alors que c’etait encore possible il y a vingt ans. A partir du moment ou l’entree en prepa se fait sur dossier, il faut donc se demander pourquoi il y a aujourd’hui une proportion ecrasante d’eleves « favorises » parmi les meilleurs eleves de terminale alors que ce n’etait pas aussi net a l’epoque.
Le probleme est clairement en amont et a mon avis c’est une des conequences de la baisse des exigences dans le primaire et dans le secondaire. Au cours des vingt dernieres annees, on a supprime la dictee, on a supprime les devoirs dans le primaire, on a supprime les notes (meme si pour ces differents points certains enseignants ont resiste). On a remplace les heures de maths et de francais par des « semaines du gout », par de la « sensibilisation a la securite routiere » etc...
Les CPGE dans tout ca me direz vous ? Les exigences dans les matieres fondamentales se sont donc effondrees au cours des dernieres decennies. Les familles favorisees ont souvent les moyens de suivre leur gamin et de reagir des que celui-ci a le moindre probleme dans une matiere. Dans une famillle defavorisee, le pere au 3*8 qui rentre de l’usine n’a pas forcement le temps ni le courage de s’occuper des equations differentielles du fiston en terminale S (meme si il sait faire). Donc meme cause, effets differents. Le gamin favorise va se maintenir en haut de la vague tandis que le gamin defavorise va couler petit a petit.
Le nivellement par le bas dans le primaire et dans le secondaire a ainsi tout simplement tue l’ascenceur social et il a reserve les filieres elitistes aux enfants de l’elite.
Maintenant qu’on a tout casse, que fait-on ?
- La premiere possibilite, c’est la fuite en avant (en arriere je devrais dire). Si les enfants defavorises ne peuvent en pratique plus rentrer dans les filieres elitistes, il suffit de leur reserver des places, tandis pour ceux qui ont un meilleur niveau. Solution de facilite par evidence, au lieu de regler le probleme (la chute du niveau scolaire dans les milieux defavorises), on le cache sous le tapis et on fait comme si il n’existe pas.
- L’autre possibilite est de rendre a l’ecole sa vocation premiere, celle de transmettre des savoirs. On abandonera le nivellement par le bas pour le remplacer par une egalisation par le haut et les eleves du 93 entreront a Science Po, par la grande porte cette fois-ci.