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Commentaire de pingveno

sur Défendons l'anglais !


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pingveno 29 septembre 2007 15:36

Bonjour Chad

Je rejoins votre discussion un peu en cours de route et bien que dans la catégorie de vos adversaires, je ne fais pas partie des habitués de la réaction haîneuse dans un sens ou dans l’autre. Ainsi je ne vous assimilerai pas aux phrases aussi provocatrices que mal construites d’un certain ASP, et vous accorderai au moins le bénéfice de la forme de l’article, mes critiques ne concerneront donc que le fond.

Cette mise au point faite, continuez-vous de lire ? Alors allons-y.

« Ces dernières décennies, les attaques contre la langue anglaise se multiplient. Même sur internet, » Stop. Dire « même sur internet » est déjà une contre-vérité : où donc ailleurs avez-vous vu ces attaques contre l’anglais ? Au journal de 20H de TF1 ou de F2 ? La vérité est qu’il n’y a guère plus que sur internet que la liberté d’expression existe encore, ni la presse nationale ni les quotidiens régionaux ne publient nos propos « haineux » depuis bien longtemps. Ou alors fournissez des exemples précis je vous prie.

Premier paragraphe : « Pas plus tard qu’hier, j’ai traîné dans les rues de Southampton (Royaume-Uni) avec une Canadienne, une Allemande et une Hollandaise. » Je dois dire que ce paragraphe m’a fait hurler de rire. Pas plus tard qu’il y a une semaine, je discutais dans les instances européennes à Luxembourg avec un allemand, une slovène et un français, tout ça s’est déroulé dans la langue de Molière. Mais si j’utilisais cette anecdote pour prouver que toute l’Europe est capable de parler français, vous auriez tôt fait de démonter l’argument. Alors en quoi les personnes que vous avez croisées sont-elles représentatives ? Elles prouvent seulement que tous ou presque tous ceux qui vont en Angleterre parlent anglais : c’est merveilleux, franchement je l’ignorais !

Je vous disais plus haut que la forme de l’article était bien construite : j’aurais dû dire presque, tant le parapgraphe 2 est l’exception qui confirme la règle ! On croirait l’écriture d’un enfant capricieux (le monsieur il est méchant il m’a cassé mon anglais !), mais c’est volontaire n’est-ce pas ? Toutefois de ce paragraphe je retire deux choses :

1. que ce soit ou non une coquille, l’erreur sur la profession de l’inventeur de l’espéranto peut au mieux vous faire passer pour quelqu’un de mal renseigné : quelle légitimité avez-vous donc pour critiquer ce que vous ne connaissez pas ?

2. manifestement votre critique s’en prend d’avantage aux espérantistes (ou plus exactement aux quelques habitués des réactions à chaud, auxquels pour ma part j’accorde au moins le bénéfice de l’amateurisme) qu’à l’espéranto lui-même. Du moins c’est ce que laisse penser la fin du paragraphe : vous êtes d’accord avec nos objectifs mais pas avec la méthode. Consentez-vous ce point ?

« Et puis quoi, chacun doit-il rester enfermé dans sa culture jusqu’à la fin des temps ? » Certainement pas. Qu’il y ait échange culturel est une bonne chose. Ce que nous critiquons, c’est l’échange à sens unique : les anglo-saxons vendent et les francophones achètent.

« lorsque deux cultures apprennent à se connaître, elles s’interpénètrent avec le temps (si j’ai de la chance, je pourrais le prouver avec l’Allemande dont je parlais plus haut). » Bonne chance pour votre avenir commun mais si vous utilisez pour cela une langue intermédiaire, vous risquez de mauvaises surprises ! Je l’ai vécu il y a quelques années avec une espérantiste russe : dans un premier temps, ne parlant pas sa langue, nous avons utilisé notre langue commune mais nous étions régulièrement surpris des réactions de l’autre : non pas à cause de la langue mais parce que nous avions des modes de pensée différents. Les choses se sont largement éclaircies quand j’ai commencé à apprendre le russe et surtout la culture qui va avec. A défaut l’inter-pénétration risque fort de n’être qu’une relation purement physique ! Alors vous voyez, ni l’anglais ni l’espéranto ne peuvent remplacer les langues maternelles ; la seule différence est que l’anglais veut le faire quand même alors que les espérantistes n’hésitent pas, eux, à apprendre DES langues étrangères et non pas une seule !

« Il y a tout un tas de pays moins conservateurs au niveau de la langue, comme les pays nordiques où une grande partie de la population parle couramment un anglais parfait. » La deuxième partie de la phrase est presque exacte, mais vous vous trompez sur les causes. Si les norvégiens ou les néerlandais parlent un anglais « parfait », il faut dire que :

1. leur langue est de type germanique, avec 80% du vocabulaire qui est proche de l’anglais. les français deviendront-ils miraculeusement moins « conservateurs » si l’espagnol (langue latine) remplace l’anglais demain ?

2. ces pays sont petits ou peu peuplés : on y parle souvent plusieurs langues étrangères, alors qu’en Allemagne, autre pays germanique, la tendance est beaucoup moins nette ;

3. les effets culturels sont là : regardez la télévision suédoise et cherchez un programme réellement local, une chanson connue uniquement à l’échelon local, vous risquez de chercher longtemps ! Alors un pays comme la France doit-il s’interdir toute innovation pour faire de la place aux séries américaines et protéger votre cher anglais ?

4. si « parfait » qu’il soit ce niveau est en réalité relatif : si vous étiez un vrai anglophone vous le trouveriez peut-être bon, sans plus. Il est probablement bien meilleur que celui d’un natif de langue latine, mais certainement pas « parfait » pour des vrais anglophones. Nuance.

« Quelqu’un oserait-il dire que Harry Potter est écrit en globish ? » Je n’irais pas jusque là mais il faut quand même reconnaître que ce n’est pas de l’anglais Shakespearien ! Et pour autant que je sache l’auteur a souvent été vivement critiqué sur ce point... en Angleterre !

Pour finir, vous l’admettez vous-même : vous défendez la langue du moment, si elle change vous suivrez le mouvement, même si le remplaçant s’appelle chinois, espéranto ou swahili. Ce qui, au fond, n’apporte rien de plus au débat que des milliers de gens convaincus qui auront le même discours. Je repose la question : pourquoi donc l’anglais a-t-il besoin d’être défendu ? Les médias traditionnels n’en font-ils pas encore assez pour vous ? Souhaitez-vous que les cours dans notre pays soient en Anglais dès la maternelle ? Alors pourquoi diable avez-vous écrit cet article en français ?


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